Le 19 novembre, en marge du G 20, un Haïtien interpellait Emmanuel Macron sur la responsabilité de la France dans la situation actuelle d’Haïti. La réponse de Macron a été la suivante : « Ce sont les Haïtiens qui ont tué Haïti, en laissant le narcotrafic ». Il poursuivit « Ils sont complètement cons », parlant de la décision prise d’évincer le Premier ministre Garry Conille.
En plus de son mépris insupportable, Macron semble avoir une façon particulière de concevoir l’histoire. C’est l’occasion pour nous de faire un rappel. Haïti fait aujourd’hui partie des pays les plus pauvres de la planète. Mais pourquoi ?
À partir de mai 1802, les Haïtiens sont menacés d’un retour à l’esclavage. Napoléon Bonaparte rétablit juridiquement l’esclavage qui avait été aboli par le gouvernement révolutionnaire en 1794 dans les colonies françaises. Il lance une opération militaire. Le peuple d’Haïti se défend victorieusement face à l’armée française. L’indépendance d’Haïti est proclamée le premier janvier 1804.
En 1825, la France exige d’Haïti une indemnisation pour compenser la perte de la colonie, en menaçant de déclencher une nouvelle guerre. Isolée, Haïti est contrainte de payer 150 millions de francs. Le montant étant colossal, Haïti est également contrainte d’emprunter l’argent auprès de banques françaises. À cet emprunt, se sont ajoutés des intérêts, plongeant le pays dans un cercle vicieux de dettes. Les remboursements ont duré jusqu’en 1952. On estime aujourd’hui que les paiements et leurs conséquences économiques ont coûté au total à Haïti jusqu’à 108 milliards d’euros.
En 1880, dès la création de la Banque nationale d’Haïti, cette dernière est contrôlée par la banque française CIC (Crédit industriel et commercial). C’est par ce biais que les recettes fiscales du pays ont été siphonnées pendant des années. D’abord par la France, puis l’Allemagne et les États-Unis.
En décembre 1914, des Marines américains s’introduisirent dans la banque nationale et saisirent 500 000 dollars en or. Quelques mois plus tard, les États-Unis commencèrent à occuper Haïti au prétexte que le pays était trop instable. L’occupation militaire dura jusqu’en 1934, mais les États-Unis gardèrent le contrôle financier plus d’une décennie encore.
Donc, n’en déplaise à Macron, c’est bien l’impérialisme qui est responsable de la situation d’Haïti ! La France et les États-Unis en tête de file.
Il ne s’agit pas de dédouaner les classes possédantes et dirigeantes d’Haïti. Elles ont aussi largement contribué à la misère actuelle du pays, en pillant les caisses de l’État, en se mettant au service de l’impérialisme. C’est l’exploitation féroce de la bourgeoisie (haïtienne et étrangère) et le pillage des richesses produites par les travailleurs, qui a conduit à la barbarie et à la misère pour la classe ouvrière.
Il n’y aura pas d’issue dans le système capitaliste pour les masses pauvres et les travailleurs d’Haïti. Pour mettre fin au règne des capitalistes qui sèment la misère, ils auront à détruire l’appareil d’État au service de la bourgeoisie. À prendre en main les moyens de production, les terres des Grandons (grands propriétaires terriens), les usines, les banques. Oui, les travailleurs d’Haïti n’auront d’autre choix que de mener la révolution, aux côtés des paysans pauvres et des autres couches des masses exploitées.
Ce qu’il manque aujourd’hui à la classe ouvrière, c’est justement la conscience de classe. La conscience qu’elle seule peut se libérer. Ce qu’il manque, c’est un parti révolutionnaire des travailleurs. Une organisation indépendante des notables et politiciens bourgeois, qui se donne pour objectif de renverser le capitalisme pour instaurer une société plus juste.