CO N°1347 (29 mars 2025) – Guadeloupe – Témoignage d’une ancienne femme de chambre

« J’ai travaillé à l’hôtel Fort Royal en 2015. Et je ne peux pas dire que j’en ai gardé de bons  souvenirs. »

Chaque jour je devais signer un contrat. Les salariées devaient nettoyer 18 chambres chacune. On commençait le travail à 8h30. On nous imposait un repas dont le prix était déduit de notre paie. On n’avait pas le choix de venir avec notre propre repas.

Il était obligatoire de finir toutes les chambres à 16 h car les heures supplémentaires n’étaient pas payées, alors que le nettoyage complet des chambres entre deux clients était plus long et plus difficile.

J’étais affectée au bâtiment. Je devais nettoyer des chambres sur des étages différents. Heureusement que l’ascenseur était fonctionnel à ce moment-là.

Mes collègues affectées au nettoyage des bungalows n’avaient pas cette « chance ». Elles devaient transporter tout le matériel et le linge de bungalow en bungalow dans des sacs cabas. Parfois, les agents de maintenance les aidaient.

Entre femmes de chambre aussi on s’entraidait. Si l’une de nous avait fini et qu’une autre était en difficulté, on l’aidait.

Quand je rentrais chez moi après une journée de travail, j’étais épuisée. Je n’arrivais même plus à marcher. J’ai perdu du poids. Et pour tout ça, je gagnais moins que le SMIC. J’ai profité d’une autre opportunité pour quitter l’hôtel.

Comme j’habite à Deshaies, j’ai encore des échos de ce qui se passe à l’hôtel. La situation des femmes de chambre est encore pire que lorsque j’y étais. Elles ont beaucoup plus de chambres à nettoyer par jour. Maintenant, l’hôtel embauche des travailleuses haïtiennes qui sont encore plus exploitées. Le patron profite de leur situation administrative délicate.