Les habitants de quartiers populaires qui manifestaient contre les tueries, la terreur instaurée par les gangs ont été attaqués par la police qui les a réprimés en faisant feu.
Le mercredi 19 mars, tôt dans la matinée, dans plusieurs quartiers de Port-au-Prince, des habitants se sont rassemblés bloquant les rues avec des roches, des pneus enflammés, puis ils sont partis en cortège, laissant des barricades sur leur passage.
Plusieurs milliers de personnes se sont dirigées vers la résidence du Premier ministre sur les hauteurs de la capitale. Les dirigeants du cortège avaient pour objectif de remettre une demande officielle aux autorités pour dénoncer l’insécurité grandissante.
Dans la foule beaucoup étaient munis de pancartes, de branches d’arbres, armés de machettes et de bâtons. Ils lançaient des slogans contre le gouvernement intérimaire pour sa lâcheté et son incapacité face à la violence des gangs. Ils dénonçaient la corruption des politiciens et du Conseil présidentiel.
Ils n’ont pas pu terminer leur marche jusqu’à la résidence du Premier ministre, en cours de route la mobilisation a été brutalement dispersée par la Police Nationale d’Haïti (PNH), qui a fait usage de gaz lacrymogène. Les manifestants ont riposté par des jets de pierres contre les véhicules de la police, accusée de connivence avec les gangs. Les manifestants se sont dispersés quand les policiers ont tiré pour les repousser. Au moins une personne a été tuée par balle et trois autres ont été blessées.
Face à la terreur instaurée par les bandes armées et à l’inaction complice des autorités, une fraction de la population a relevé la tête, défiant ouvertement la dictature des gangs et la répression policière pour exiger leur droit légitime à regagner ses quartiers.
Cet événement, passé presque sous silence, peut être un signal, un point de départ pour la mobilisation de la population laborieuse. Il peut faire basculer les illusions véhiculées par les politiciens et les bourgeois qui les financent. Les forces armées, que ce soit la police ou l’armée, sont des gangs officiels dont le but est de défendre les intérêts des possédants, de la bourgeoisie, elles se retourneront contre les travailleurs.
Les travailleurs mobilisés et armés, c’est la pire crainte des dirigeants et des bourgeois. Ils tiennent le pouvoir, de même que les gangs, par la peur qu’ils inspirent. Quand les travailleurs s’organisent, se lèvent, s’arment, ils peuvent faire la peur changer de camp.