Mercredi 2 avril, des milliers d’habitants venant de plusieurs quartiers de la capitale, Port-au-Prince, ont manifesté.
Ils exprimaient leur exaspération face à l’incapacité du gouvernement à faire reculer les gangs armés. Ces gangs ont envahi tôt le 31 mars la commune de Mirebalais située dans le Plateau Central, sur une route vers Saint-Domingue. En s’emparant de cette ville les gangsters pouvaient encercler la capitale et contrôler le trafic en direction de Saint-Domingue.
Ils ont incendié les maisons, le commissariat de la commune, attaqué la prison et libéré plus de 500 prisonniers. La police n’a pas fait face, prise à revers par une partie des bandits qui s’étaient infiltrés les jours précédents à l’intérieur de la commune. Dans la population il y a des tués et blessés par dizaines, alors que les autres ont fui leur domicile.
L’hôpital de Mirebalais a été attaqué, des malades hospitalisés ont pu être transférés vers d’autres établissements. Après les incendies des hôpitaux de Port-au-Prince, cet établissement est le dernier qui pouvait offrir des soins d’urgence, de chirurgie et maternité entre autres dans ce département.
Près de 6 000 habitants ont fui leurs foyers devant la violence des groupes armés selon un rapport de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). La majorité des déplacés ont trouvé refuge auprès des habitants de communes proches, tandis qu’une partie s’est installée dans des sites de déplacés récemment établis.
En réplique, le jeudi 3 avril des milliers de personnes sont descendues dans les rues pour exiger le rétablissement de la sécurité. Ils se sont dirigés vers les locaux du Premier ministre avec des pancartes et slogans dénonçant « des autorités qui semblent complices de la détérioration de la sécurité », « un gouvernement lâches devant les bandits », « une police sans matériels ».
Parmi la foule on remarquait des militants avec les t-shirts du parti de l’ancien Premier ministre Claude Joseph. Il y a un an il était un des signataires de l’accord mettant en place le Conseil Présidentiel de Transition. Aujourd’hui, présent à la manifestation, il ne jure que par le départ de l’actuel gouvernement espérant retrouver une place à la mangeoire gouvernementale.
C’est la deuxième mobilisation de la population en l’espace de deux semaines pour dénoncer l’incapacité du gouvernement de transition à contenir les groupes armés et assurer la sécurité. Dans la manifestation, des slogans demandaient du « sang neuf » pour diriger le pays. Des politiciens comme Claude Joseph reprennent ce slogan en surfant sur la mobilisation de la population pour mettre en avant leur propre clique.
Pour contrer les attaques des gangs, le « sang neuf » ne pourra pas venir des politiciens qui ont été complices des bandits, ni d’un sauveur suprême. Ce « sang neuf » sera apporté par la population laborieuse qui manifeste, c’est d’elle que peut surgir l’organisation de travailleurs qui continuera à la mobiliser, à s’armer pour riposter tant aux gangs armés qu’aux balles et grenades des policiers.