CO N°1348 (12 avril 2025) – République dominicaine – Déferlement raciste contre les Haïtiens

Le président de la République dominicaine, Luis Abinader, a annoncé, le 5 avril 2025, un ensemble de quinze nouvelles mesures visant à renforcer le contrôle de l’immigration en provenance d’Haïti.

Parmi les dispositions les plus abjectes, figure l’obligation pour les hôpitaux publics de demander aux patients des documents d’identité prouvant leur statut légal dans le pays.

Cette mesure, qui entrera en vigueur le lundi 21 avril, vise, selon le président, à « garantir que les services publics soient réservés prioritairement aux citoyens et aux résidents en situation régulière ».

Même avec des papiers en règle, les Haïtiens n’osent pas sortir de chez eux ; prendre le bus ou un taxi est synonyme de risque d’être raflé, enfermé, violé, et si pas tué, ramené directement à la frontière en laissant leurs peu de biens derrière eux. Abinader avait déjà lancé une campagne d’expulsions massives visant les Haïtiens. En janvier, la Direction générale dominicaine des migrations a annoncé la création d’un centre de détention pour migrants. 15 000 Haïtiens auraient été chassés du territoire dominicain au cours des quinze premiers jours de l’année seulement.

Les discours et actions d’Abinader ne font qu’augmenter la violence des groupes d’extrême droite qui s’attaquent aux Haïtiens.

Dimanche 30 avril, un de ces groupuscules (Ordre ancien dominicain) a organisé une manifestation, drapé de noir et agitant des drapeaux dominicains, scandant des slogans tels que : « Dehors les étrangers, la République appartient aux Dominicains ! » « Non à la présence d’Haïtiens sur le territoire dominicain ». La tension s’est intensifiée lorsque les manifestants ont dévié de l’itinéraire autorisé et se sont introduits dans les quartiers majoritairement haïtiens. Empêché par les policiers, le groupe dominicain a poursuivi ses attaques contre les Haïtiens de la ville, s’attaquant même aux maisons haïtiennes.

Les migrants haïtiens représentent une part importante de la main-d’œuvre informelle en République dominicaine, notamment dans les secteurs de la construction, de l’agriculture et des services domestiques. Le racisme sert aux capitalistes d’outil politique pour maintenir l’exploitation féroce de cette main-d’œuvre qui a les emplois les plus durs, les salaires les plus bas, les logements les plus délabrés. La discrimination raciale permet la surexploitation de cette large fraction de la classe ouvrière. Quant aux travailleurs dominicains, leur propre exploitation s’appuie sur cette division entre Dominicains pauvres et Haïtiens pauvres ; à la base du racisme et de l’oppression, il y a le système capitaliste. Les prolétaires, quelle que soit la couleur de leur peau noire, métisse ou blanche, ont intérêt d’en finir avec ce système économique et social en faillite.