COMBAT OUVRIER paraît aujourd’hui pour la première fois. Ce n’est le journal d’aucun parti. La rédaction de notre organe se donne pour but de défendre le point de vue de la classe ouvrière dans toutes les questions nationales et internationales. Nous voulons que nos analyses servent d’instrument au prolétariat pour sa libération définitive du joug capitaliste. A l’heure où dans le monde — et il en va aux Antilles comme partout ailleurs — le prolétariat relève la tête pour affronter de plus en plus durement la bourgeoisie ; à l’heure où la crise du système capitaliste apparaît dans toutes les manifestations de la vie de la planète (fermetures d’usines, licenciements massifs, chômage, guerres coloniales, révolte des jeunes, crises financières, etc.), il est urgent que la classe ouvrière se forge une nouvelle direction politique à l’échelle mondiale et donc aussi à l’échelle de chaque pays. C’est à cette tâche que nous voulons consacrer nos efforts, en ce qui concerne la Guadeloupe et la Martinique. Au travers de la crise sociale et politique que vivent les Antilles dites françaises, nous voulons par nos prises de position, par nos analyses, aider le prolétariat à retrouver le chemin des traditions révolutionnaires prolétariennes. Nous voulons l’aiderà prendre conscience, au cours de la lutte pour l’émancipation nationale, de son propre intérêt de classe. Dans cette lutte, nous savons que les travailleurs auront à affronter les vieux partis qui continuent à se réclamer du socialisme et du communisme. Nous aurons à charge de montrer en quoi ces partis staliniens (P.C.G. et P.C.M.), ou sociaux-démocrates de la S.F.I.O. moribonde, ne représentent nullement les idées révolutionnaires socialistes. Il est vrai qu’en ce qui concerne la S.F.I.O. il n’y a guère plus d’ouvriers pour se faire d’illusions à son sujet. Pour les P.C.G. et P.C.M., ceux-ci continuent à avoir la confiance de nombreux ouvriers. C’est au travers de leurs actions ou leur inaction que nous ferons ressortir la fausseté de leur politique. Nous nous opposerons également à l’utilisation des forces du prolétariat comme appoint à une lutte nationaliste. Si la lutte pour renverser le joug de l’impérialisme français et pour émanciper la Guadeloupe et la Martinique de la domination coloniale est primordiale, il est non moins primordial qu’elle soit menée sous la direction du prolétariat conscient de ses intérêts propres et de sa tâche historique propre, tâche qui ne se limite pas à l’émancipation nationale, mais à l’émancipation des masses ouvrières et paysannes pauvres de toute espèce d’exploitation et d’oppression. Tout en étant solidaires, face à la répression coloniale, de tous les groupes qui luttent pour l’indépendance ou l’autonomie, nous nous opposerons à la politique de tous ceux qui cherchent à dissoudre le prolétariat conscient dans des « blocs » ou « fronts » substituant la lutte nationale à la lutte des classes et identifiant sous quelque forme que ce soit les intérêts des exploités antillais à ceux des exploiteurs antillais. Nous chercherons au contraire à développer les sentiments de classe indépendante dans les masses ouvrières. Et la seule garantie pour que l’émancipation nationale profite aux couches les plus pauvres de la population et pour que les masses ouvrières et paysannes ne jouent pas le rôle de masse de manœuvre pour les forces bourgeoises nationales, réside dans la prise du pouvoir par le prolétariat. Cette tâche, le prolétariat ne pourra l’accomplir que s’il construit son propre parti révolutionnaire et conserve son indépendance politique vis-à-vis de toutes les autres couches sociales, quelles que soient les alliances qu’il pourra être amené à contracter. Ce journal ne pourra vivre que si les travailleurs, les jeunes, les intellectuels l’entourent de leur chaude sympathie. Qu’ils le fassent connaître, qu’ils le diffusent autour d’eux, qu’ils organisent autour de lui des séances de lecture et de discussions, qu’ils envoient à l’adresse du directeur de publication leurs soutiens financiers, et « Combat Ouvrier » vivra le temps nécessaire pour la pénétration des idées socialistes révolutionnaires dans la classe ouvrière.