Plus de 1,2 million de personnes ont défilé dans les rues des villes de France et d’Outre-mer pour contester la loi sur la réforme des retraites ! Ce succès ne s’explique pas seulement par les retraites mais par l’accumulation des attaques contre les travailleurs.
À Fort-de-France la manifestation a rassemblé plus de 3 000 travailleurs du public et du privé. En Guadeloupe, 200 travailleurs se sont rassemblés devant la centrale EDF PEI à Jarry, où les agents d’EDF PEI sont en grève. À Pointe-à-Pitre 1 000 personnes ont manifesté : enseignants, banques, postiers, travailleurs de la santé… Les élèves de plusieurs lycées ont fait grève. Des milliers de personnes ont manifesté dans les rues de Cayenne en Guyane et de Saint-Denis à La Réunion.
Dans des centaines de villes de l’hexagone, travailleurs, retraités, lycéens, étudiants, ont fait le succès de la mobilisation. À Paris plus de 100.000 à Lyon, Nantes, Lille, Marseille ils étaient des dizaines de milliers dans la rue. Et c’est encore plus flagrant dans les moyennes et petites villes. À Thouars, qui compte 10 000 habitants, 1 500 travailleurs ont défilé !
La grève fut une réussite dans de nombreux secteurs. Dans le public, 40 % des enseignants étaient en grève, 30 % des fonctionnaires d’État, mais aussi les agents hospitaliers, les agents territoriaux, les transports. La grève fut écrasante dans les raffineries. Il y a eu des grèves importantes dans l’industrie automobile, dans les usines Stellantis, chez Renault, dans la grande distribution (Carrefour, Auchan…), chez Airbus. Des centaines d’autres usines, sites de production… ont été touchés par la grève.
Si l’idée de travailler jusqu’à 64 ans est inconcevable pour de nombreux ouvriers et employés, cumuler 43 annuités avant 64 ans est tout simplement impossible pour la grande majorité !
Le mécontentement important au sein de la population va au-delà de la réforme des retraites. La population subit la dégradation des conditions de travail, la baisse des salaires du fait de la vie chère, la dégradation vertigineuse des services publics. Certains salariés montrent la voie aux autres en se mobilisant sur ce terrain. Les agents d’EDF en Guadeloupe demandent des augmentations de salaire et que leurs conditions de travail soient améliorées, les travailleurs de la Caisse d’Épargne ont déjà obtenu par la grève et son extension un doublement de prime.
En 1995, après trois semaines de grèves et deux millions de personnes mobilisées dans les rues, le gouvernement français avait dû reculer sur son « plan Juppé » qui s’attaquait aux retraites.
Si la journée du 19 janvier fut un franc succès c’est grâce à la mobilisation des travailleurs, au-delà même de l’appel des syndicats. Ce sont les travailleurs qui font le succès ou pas de ces journées, ce ne sont pas seulement les directions des syndicats. Ces derniers en France et en Martinique appellent à une nouvelle journée de grève le 31 janvier. En Guadeloupe ils appellent à une lutte d’ampleur le mardi 7 février.
Pour prendre la bonne voie, les travailleurs les plus combatifs devront non seulement renforcer les mobilisations, multiplier les secteurs en grève, entrainer les autres, mais aussi chercher à construire le rapport de force et leur propre politique dans les luttes actuelles. De cette manière, ils ont plus de possibilités de gagner du monde ouvrier à l’idée de la grève générale. C’est en allant dans ce sens que les travailleurs pourront instaurer un rapport de force bien plus favorable face au gouvernement et au patronat !