« L’hymne et le drapeau » pourront-ils mettre fin aux injustices subies par les pauvres de la Guyane ?
Samedi 14 mai 2023, les maires, élus territoriaux et parlementaires de Guyane réunis en congrès ont voté un projet pour l’autonomie de Guyane : il y est question d’hymnes et de drapeaux pour les différentes composantes de la population, dont les Amérindiens et les Bushinengue. Il sera soumis fin juin au gouvernement français avant d’être proposé au vote à la population de Guyane.
L’un des buts est de favoriser l’« émergence d’une citoyenneté guyanaise partagée et valoriser l’identité guyanaise ». En 2010 un vote pour l’autonomie avait été rejeté par 70 % des votants avec une abstention de 52 %.
La mise au point de ce projet a exigé 22 réunions, les peuples autochtones « ne se reconnaissant pas » dans les premières versions du texte. Les chefs coutumiers amérindiens et bushinengues ont rédigé séparément leurs projets pour un Sénat coutumier. Ils ne sont pas convaincus que le projet d’autonomie actuel leur sera bénéfique et veulent la maîtrise complète du foncier et des ressources qu’il recèle.
Les élus quant à eux demandent davantage de pouvoir local, le droit de faire certaines lois, un pouvoir exécutif, une assemblée délibérante. Le 14 mai ils ont voté pour une collectivité à deux têtes : un exécutif avec un président et un gouvernement, puis une assemblée des élus avec un autre président. Ils ont acté les pistes d’une nouvelle fiscalité et la demande d’un plan de rattrapage pour la Guyane.
Les prérogatives dites régaliennes de l’État seraient sauvegardées. Responsable du maintien de l’ordre, de la direction de la police et la gendarmerie, le Haut-commissaire, nouveau titre du préfet, exercera un contrôle de légalité sur les actes des autorités de la collectivité autonome, des communes, des établissements publics et pourra déférer au tribunal administratif les actes qu’il juge entachés d’illégalité.
Ce projet ne risque pas de modifier en quoi que ce soit le rapport entre classe exploiteuse et exploités. Seuls quelques élus auront du pouvoir. Les travailleurs seront toujours lésés. Les craintes exprimées par les peuples autochtones qui se font rafler leurs terres et vivent de grandes difficultés le disent déjà. Non, ces projets de « pouvoir local » dans le cadre de l’exploitation capitaliste n’ont aucune chance de mettre fin aux bas salaires, au chômage. Tant que les exploités ne contrôlent pas l’organisation de la société, ce projet c’est de la fumée.