Dans le sillage des consignes du gouvernement Macron-Attal-Darmanin, Letchimy, président du Conseil exécutif de la CTM (Collectivité territoriale de Martinique) et Jean-Christophe Bouvier, le préfet, ont reçu tour à tour les associations d’agriculteurs de Martinique.
Il leur fallait se montrer malins et actifs pour ne pas laisser la colère des agriculteurs de France gagner ceux de Martinique. Les agriculteurs, gros et petits, leur ont transmis leurs doléances pour qu’ils jouent les intermédiaires avec le gouvernement !
Lors de la réunion avec Letchimy le lundi 29 janvier, les gros patrons békés de l’agriculture, représentés par Alexis Gouyer, le patron de Banamart, étaient aux avant-postes. Ils n’ont pas manqué de renouveler avec insistance leurs demandes d’augmentation de subventions à l’État.
De nombreux petits agriculteurs faisaient partie de la délégation. Ils étaient aussi présents à la préfecture le lendemain pour exprimer leurs difficultés. Ils ont mis en avant des problèmes avec les patrons de l’import-export sur le prix des intrants ou ceux de la grande distribution qui s’approvisionnent sur le marché extérieur avec des produits moins chers et non contrôlés, avec pour résultat des problèmes de trésorerie. Ainsi certains d’entre eux se retrouveraient avec des revenus parfois de 200 € à 300 € par mois.
Dès le jeudi 3 février Letchimy avait récupéré et envoyé au premier ministre une plateforme de négociation sur 70 propositions. Elle porte sur la relance de l’agriculture martiniquaise ou la sortie du chlordécone et le développement de l’agroécologie en passant par l’adaptation et la simplification administrative et réglementaire etc. Des demandes qui semblent quelque peu éloignées des besoins immédiats des petits planteurs. En effet ces derniers subissent avant tout la loi des plus forts, gros possédants et administrations à leur service : ceux de l’agriculture, de l’import-export et aussi de la grande distribution. En Martinique, ce sont souvent les mêmes capitalistes ! De ces injustices-là, il n’est nullement question dans les plateformes envoyées par Letchimy ou par le préfet. Leur élan et compassion en direction de « nos agriculteurs », ressemblent plutôt aux habituelles gesticulations politiciennes et à une opération de com, menée de concert avec l’État. Les petits agriculteurs ne sont surement pas dupes.
Pour voir leur sort s’améliorer et notamment pouvoir se verser un revenu correct, ils ont tout intérêt, eux, à se joindre aux luttes des salariés pour exiger aucun salaire, aucune pension ou allocation inférieur à 2 000 euros net.