Après la démission du premier ministre Ariel Henry, la pression pour créer un conseil intervient alors que Port-au-Prince et d’autres régions sont livrées au pillage des gangs qui contrôlent environ 80 % de la capitale.
Depuis le 15 mars le « Conseil Présidentiel » de sept membres (CP 7) qui présidera au destin du pays est complet. L’avenir dira si la CARICOM pilotée par les USA parviendra à l’installer dans les jours à venir tellement il est contesté.
Les gangs armés ont déjà annoncé qu’ils ne reconnaissent pas ce « Conseil corrompu au service de l’étranger », arguant que ce sont eux les gangs qui ont renversé Ariel Henry.
La marche en avant des gangs armés se poursuit, la population est aux abois. Port-au-Prince devient un immense champ de ruine, toutes les activités de débrouillardise qui faisaient vivre la population dans les rues disparaissent. Le quartier ou la zone est livré au pillage. Impossible pour quelqu’un de retourner dans sa maison car il sera pris pour cible par les bandits et les escrocs nouvellement installés dans le quartier. Pris de peur, les gens ont fui pour sauver leur peau. Près de 362 000 personnes sont actuellement déplacées à l’intérieur du pays. Plus de la moitié d’entre elles sont des enfants.
Vendredi 8 mars, après avoir cassé la principale prison de Port-au-Prince et libéré bon nombre de leurs partisans, les bandits voulaient prendre d’assaut le Palais national et diverses garnisons de police, les symboles du pouvoir. Pour une fois, les policiers les ont stoppés dans un violent affrontement.
L’administration publique est paralysée, ministres, directeurs essaient d’échapper aux bandits qui les chassent, ainsi le directeur général de la Police nationale a vu sa maison incendiée le 15 mars.
L’aéroport est fermé depuis les multiples attaques des gangs, les routes nationales sont bloquées. Les gangs sévissant dans toutes les zones côtières, le voyage par mer aussi est bloqué.
Les activités sur la zone industrielle sont à l’arrêt, des affrontements entre gangs y sont réguliers. Plusieurs ouvriers ont été tués et de nombreux autres blessés.
Dans la population de nombreuses voix réclament le Conseil présidentiel proposé par le groupe de Moïse Jean Charles composé de Guy Philippe, un juge de la Cour de cassation et une professeure d’université. Ces gens pensent que, proche des gangs, Guy Philippe peut les amener à un cessez-le-feu.
Mais la population n’a rien à gagner quel que soit le Conseil qui succédera à Ariel Henry. Prisonnier des gangs armés, Guy Philippe ne sera qu’un autre pantin au pouvoir alors que les « Barbecue » ou autres chefs de gang continueront de sévir contre la population pauvre. Le « CP 7 » (Conseil présidentiel de sept membres) ne pourra avoir qu’une attitude proche de son prédécesseur Ariel Henry. L’avenir n’est pas dans ces politiciens corrompus qui se battent pour des postes, ni sous la férule des gangs, mais dans une réaction des pauvres, des travailleurs, avec leurs propres organisations.