Dès les premières mobilisations contre la vie chère à l’initiative du RPPRAC (Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéennes), certains ont voulu faire un rapprochement avec la grande grève de 2009. L’occasion parfois pour eux de se joindre à la campagne de dénigrement entonnée en 2009 par le patronat dès qu’il s’est remis de la petite frayeur occasionnée par les barrages populaires de l’époque.
D’autres ont porté des critiques sur le déroulement du puissant mouvement social. Cela a été aussi l’occasion de revenir sur l’insatisfaction ressentie par les nombreuses personnes de la population toujours confrontées à la hausse effrénée des prix, se disant étonnées qu’il ne reste plus rien de 2009…
Il est hasardeux et même pas juste de faire des comparaisons entre deux mouvements sociaux surtout à plus de quinze années d’intervalle, tant chacun d’entre eux a sa propre dynamique.
Pourtant, ce qui rapproche les deux mouvements c’est la permanence du fait que des dizaines de milliers de travailleurs sous-payés ne peuvent vivre dignement : des femmes vivant de contrats à temps partiel ou sur un siège éjectable de contrat aidé, des jeunes, formés ou non qui restent djobeurs ou sans emploi, des retraités à qui il est imposé de vivoter. Aujourd’hui comme hier, ces milliers de personnes se trouvent victimes d’un grand patronat rapace qui se gave sur leur dos, avec la complicité de l’État et de leur système ! C’est intolérable !
La grève de 2009
En Guadeloupe puis en Martinique, la grève générale de 2009 portée par les travailleurs, s’est étendue rapidement à de nombreux secteurs : pompistes des stations-service, ouvriers du bâtiment, de la métallurgie, employés des supermarchés, ceux des entreprises et magasins des zones commerciales, mais aussi agents des établissements scolaires, de la Santé, ceux de La Poste ou des mairies. C’est la grève marchante. Les grévistes décident ensemble lors d’assemblées générales quotidiennes des actions pour la poursuite de la grève, mais aussi du suivi des négociations engagées entre les membres des collectifs LKP (Lyannaj Kont Pwofitasyon) en Guadeloupe et K5F (Collectif 5 février) en Martinique. La particularité et la force de cette grève générale est aussi que dès le début elle est rejointe par des milliers de femmes, de jeunes, d’habitants des quartiers populaires qui se retrouvent en manifestions de 10 000 à 50 000 personnes.
Des accords éphémères
En Martinique, après 37 jours, en Guadeloupe, après 44 jours, la grève massive a permis notamment à plusieurs milliers de foyers ayant des bas salaires de percevoir une prime de vie chère de 200 euros par mois pendant trois ans et aussi la baisse des prix sur 400 familles de produits dits de première nécessité ainsi que sur les tarifs de l’électricité, de l’eau ou les frais bancaires. Bien sûr, les accords signés restaient éloignés des revendications légitimes des masses populaires. D’ailleurs durant plusieurs mois, des comités de contrôle des prix se chargèrent activement du contrôle de ces baisses des prix, en particulier dans les supermarchés. Il ne s’agissait pas d’acquis, certes. Et dès que la pression des travailleurs et des masses populaires mobilisés s’est relâchée, la machine à profits des gros capitalistes s’est remise en route sur le dos des travailleurs et des plus faibles.
Tous ensemble, nous sommes plus forts
Mais grâce à leur mobilisation collective, les travailleurs avaient pu arracher des mains des possédants et de l’État un peu plus que les habituelles miettes. Tout en critiquant les insuffisances de leur mouvement, ils ont aussi pu prendre conscience de leur force collective et ont tout intérêt à ne pas perdre le mode d’emploi de cette grande grève.