Jean-Marie Le Pen est décédé le 7 janvier 2025 à 96 ans. Pendant plus de cinquante ans, il a incarné l’extrême droite raciste, antisémite et anti-ouvrière.
En 1972, il avait fondé le parti politique d’extrême-droite, le Front national (FN), dont il a perdu la présidence, exclu par sa fille Marine Le Pen. C’était pour elle le premier moyen de repeindre la façade du FN, tout comme le changement de nom du parti devenu « Rassemblement national ». Cela même si la façade ne fait que masquer le racisme et la politique anti ouvrière de ce parti.
Avant de mener une carrière politique, Le Pen a servi dans l’armée française lors des guerres coloniales en Indochine et en Algérie. Il a reconnu avoir torturé des combattants algériens. Il est longtemps resté un défenseur de l’Algérie française et a rejoint l’OAS (l’Organisation de l’armée secrète), une organisation terroriste clandestine pro Algérie française qui commettait des attentats contre les défenseurs de l’Algérie indépendante.
La création du FN en 1972 correspondait à un désir de regroupement des forces d’extrême-droite en France. Le FN regroupait à l’origine des membres du mouvement Ordre nouveau, nostalgiques du fascisme, de ses pouvoirs autoritaires, guerriers, anti ouvriers, antisémites (anti juif) et racistes comme sous Mussolini en Italie, sous Hitler en Allemagne et sous Pétain en France. Certains des fondateurs du FN ont été des soldats nazis pendant la deuxième guerre mondiale.
Jean-Marie Le Pen était un politicien mais il était surtout un bourgeois millionnaire à la tête d’une fortune acquise grâce à l’héritage des ciments Lambert, dont le château à Saint-Cloud où sa fille Marine Le Pen a grandi. La famille de l’industriel Lambert était en conflit avec Le Pen car elle estimait qu’il avait fraudé pour obtenir cet héritage. Les ciments Lambert exploitaient des travailleurs français et étrangers. La démagogie anti-immigrés de Le Pen n’était que son fonds de commerce politicien, car son fonds de commerce industriel tournait aussi grâce à des travailleurs immigrés.
Jean-Marie Le Pen était connu pour ses prises de position provocatrices ouvertement racistes et antisémites. Il avait déclaré en 1996 : « Je crois à l’inégalité des races, oui bien sûr, toute l’histoire le démontre, elles n’ont pas la même capacité ni le même niveau d’évolution historique… ». Ou alors quand il remettait en cause l’existence des chambres à gaz sous les nazis.
Aux Antilles aussi, il était rejeté. Il y a 30 ans, Jean-Marie Le Pen ne pouvait pas débarquer aux Antilles à cause des manifestations de protestation dès le tarmac des aéroports.
Les premiers succès électoraux de Le Pen coïncident avec l’arrivée de la gauche au pouvoir : le Parti socialiste et, au début, le Parti communiste. L’accession de Mitterrand à la présidence de la République en 1981, avait soulevé beaucoup d’espoirs parmi les classes populaires. Espoirs bien vite déçus lorsque le gouvernement bloqua les salaires en 1982 et organisa des licenciements massifs dans les secteurs dépendants de l’État. Une politique pro-patronale bien de droite ! La politique bourgeoise des partis de gauche, censés représenter les travailleurs, ont déboussolé et démoralisé bien des travailleurs.
Le Pen, serviteur de la bourgeoisie, est mort mais ses héritiers génétiques et politiques demeurent. Le ravalement de façade du RN et de Marine Le Pen, sa politique plus respectable en apparence, n’en font pas un parti devenu pro ouvrier ou anti raciste. C’est le chemin choisi pour gagner de l’influence dans les classes populaires. Il l’a prouvé particulièrement en Martinique et en Guadeloupe pas ses succès électoraux considérables.
Mais sous le pansement démocratique et populaire, la gangrène anti ouvrière et raciste se développe. Beaucoup de travailleurs et membres de la population se font d’énormes illusions sur le RN et Marine Le Pen. « On ne l’a jamais essayé » disent-ils. Mais au lieu de se faire des illusions régulièrement puis d’être déçus, le mieux serait que les travailleurs et la population pauvre créent leur propre parti. Le mieux serait que ces derniers se donnent leurs propres dirigeants en leur sein et qu’ils combattent le système capitaliste jusqu’à sa destruction.