En ce début d’année la presse s’est émue de la longue file d’ambulances et de camions de pompiers qui s’accumulaient devant les urgences et du temps d’attente, de plusieurs heures, pour la prise en charge de leurs patients.
Encore une fois, il a été plus facile d’accuser les malades de « venir encombrer les urgences au lieu d’aller chez leurs médecins traitants » plutôt que de se pencher sur les véritables causes. Cette situation résulte de décennies de dégradation du service de santé. Elle est liée au sous financement des hôpitaux causé par des lois qui se sont succédé à chaque gouvernement : T2A, loi Touraine, loi Hôpital/santé, loi Valls, loi Bachelot…
Entre « réorganisation » et « restructuration » les services hospitaliers se retrouvent en pénurie de matériel, en déficit de lits d’hospitalisation et en manque de personnel.
Le CHU de Guadeloupe, qui était autrefois le premier employeur de l’île, fonctionne aujourd’hui largement en sous-effectif, faisant reposer l’énorme charge de travail sur les travailleurs qui sont astreints à des heures supplémentaires continues, à enchaîner les services et à faire une croix sur leurs congés. Les patients quant à eux, comme l’ont montré les longues files d’attente, sont affectés dans leur prise en charge tant en rapidité qu’en qualité : faute de lits, l’attente pour trouver une place dans un service d’hospitalisation dure des heures voire une journée. Le service des urgences est donc très souvent saturé. Les soignants, débordés, ont peu de temps à consacrer à chaque malade.
La situation s’est encore plus dégradée en 2017, après l’incendie. Il y a eu encore plus de lits supprimés et même des services entiers supprimés. La crise sanitaire de 2020 a encore enfoncé le clou avec des dizaines de soignants suspendus ou en rupture.
Ces queues interminables de véhicules de secours ne datent pas d’hier, il y a des années que cela dure ! Si rien n’est fait, les pics observés durant la période des fêtes ne peuvent qu’augmenter avec la dégradation de la prise en charge des malades au CHU, la difficulté à obtenir un rendez-vous en médecine de ville, avec la fréquence des accidents de la route et des agressions, le vieillissement de la population.
La santé n’est pas un luxe, mais un dû qu’il faudra imposer.