Le 17 février 2021, les indépendantistes ont remporté la majorité au gouvernement de Nouvelle-Calédonie avec six membres sur onze. C’est une première depuis l’accord de Nouméa signé en 1998.
Ce nouveau gouvernement a été élu par le Congrès de la Nouvelle-Calédonie (assemblée délibérante). Les indépendantistes sont parvenus à remporter l’élection grâce à une alliance avec un petit parti, l’Éveil océanien (EO, parti de défense des intérêts de la communauté wallisienne et futunienne). Grâce à cette alliance la liste Union Calédonienne-FLNKS a obtenu trois ministres. L’autre liste nationaliste, celle de l’Union nationale pour l’indépendance-FLNKS (UNI-FLNKS) a également obtenu trois ministres au gouvernement. En face, les loyalistes, les non indépendantistes, étaient répartis sur deux listes. Celle de la coalition majoritaire dont était issu le président sortant, l’Avenir en Confiance (AEC), a obtenu quatre postes, et le parti de centre-droit Calédonie Ensemble a décroché un poste.
Cette prise de la majorité par les indépendantistes intervient après la progression du OUI à l’indépendance lors du deuxième référendum du 4 octobre 2020.
Ce nouveau gouvernement intervient aussi après la révolte et les barrages armés des Kanaks en décembre dernier. Ils protestaient contre le rachat de l’usine de nickel du Sud par un groupe capitaliste calédonien et international, Prony ressources.
Alors même que la Nouvelle-Calédonie est le troisième producteur mondial de nickel en 2019, que l’archipel détient 25 % des ressources mondiales de nickel, les populations d’origine de ces îles vivent dans la misère, subissant le mépris, le racisme des autorités françaises et de certains Blancs installés.
Aujourd’hui avec cette majorité au gouvernement, les indépendantistes kanaks franchissent un pas supplémentaire vers la gouvernance du pays. Un troisième référendum sur l’indépendance est prévu en 2022.
Un gouvernement pour l’instant sans président
Après une première tentative le 17 février, l’élection du président a une nouvelle fois échoué. Les partis indépendantistes Union Calédonienne-FLNKS et Union nationale pour l’indépendance-FLNKS n’ont pas trouvé de terrain d’entente. Le candidat de l’Union Calédonienne-FLNKS semble semer le trouble. Il s’agit de Samuel Hnepeune, ex dirigeant du MEDEF Nouvelle-Calédonie et PDG d’Air Calédonie. Si le gouvernement n’arrive pas à élire un président avant le 31 mars 2021, la Nouvelle-Calédonie sera mise sous tutelle par l’État.
Le gouvernement à majorité indépendantiste, ne défend pas les travailleurs Kanaks. Ces derniers et les classes populaires de Nouvelle-Calédonie devront constituer leur propre force politique pour faire entendre leurs intérêts.