Le mardi 9 mars dernier Jean Castex le premier ministre et Olivier Véran le ministre de la Santé, présentaient le deuxième volet des décisions prises par le gouvernement à la suite de la conférence du « Ségur de la santé » de juillet 2020. Les 448 millions d’euros annoncés pour les investissements dans le secteur médico-social et le secteur hospitalier de Martinique, et notamment pour la reconstruction de l’hôpital de Trinité, sont loin d’être une manne.
Ils ne viennent pas d’une quelconque bienveillance gouvernementale mais sont surtout liés aux fortes mobilisations des travailleurs du secteur hospitalier ces dernières années.
Une enveloppe de 19 milliards d’euros d’investissements pour le secteur hospitalier et le secteur médico-social a été annoncée par ces ministres pour les dix années à venir. Sur cette somme, 13 milliards avaient été promis, dès 2019 par Édouard Philippe, premier ministre de l’époque. Ils ont été en partie mis en œuvre après le Ségur de la santé de juillet dernier. L’annonce a fait bel effet. Gouvernants mais aussi commentateurs n’ont pas eu de mots trop forts pour qualifier « l’effort » gouvernemental d’« impressionnant », « historique », ou encore « spectaculaire ». Pas surprenant ! Ils comparaient certainement ces montants à ceux des plans pour les hôpitaux précédents, mais pas aux besoins en personnels, en améliorations des salaires, des conditions de travail et d’exercice, identifiés par le personnel hospitalier depuis tant d’années.
Quelques heures plus tard, le directeur de l’ARS de Martinique (Agence régionale de santé), Jérôme Vigier, endossait à son tour le costume de porteur de bonnes nouvelles. Il allait jusqu’à féliciter pour ce bon résultat « la conjonction de l’action des parlementaires, travailleurs, représentants des salariés de l’hôpital de Trinité et du CHU », sans oublier « la mobilisation du CHU et de l’ARS ». Il annonçait fièrement que dans le cadre de ce plan de modernisation et d’investissement pour les hôpitaux, la Martinique bénéficierait de 448 millions d’euros dont 364 millions pour la construction, la rénovation et la réhabilitation d’établissements et la prise en charge des patients avec 70 millions qui iraient pour la reconstruction de l’hôpital de Trinité. 75 millions seraient également prévus pour « faire face à l’endettement ».
Sur la partie concernant la reconstruction de l’hôpital de Trinité, le syndicat UGTM mobilisé depuis plusieurs mois s’est déclaré vigilant. Il propose la mise en place d’une commission de suivi afin que cet argent ne soit pas, une fois de plus, détourné de son objectif.
Pour les agents de l’hôpital de Trinité, dont certains sont en grève depuis plusieurs mois, c’est une victoire arrachée de haute lutte. C’est aussi une victoire pour ceux du CHUM, mobilisés tant de fois pour l’amélioration de leurs conditions de travail et du fonctionnement de l’hôpital. Ils sont loin d’obtenir satisfaction sur l’ensemble de leurs revendications : les 183 € de revalorisation des salaires sont loin des 300 € réclamés pour rattraper le blocage du point indiciaire ; c’est toujours la galère pour le remplacement des collègues partant en congé, en formation ou à la retraite. Mais c’est un premier pas important pour continuer les luttes !