À la mi-mai, seuls 5,2 % de la population guyanaise (306 261 personnes) étaient vaccinés. La Guyane a été reconfinée et « par mesure de précaution », toutes les écoles fermées. Des protestations sont venues de ceux qui vont aux examens ou ceux dont les affaires sont freinées. Là dessus, la directrice de l’ARS a dénoncé la circulation de « fake news » qui effraient la population.
Le problème se pose dans tout le pays, jusque dans les zones pauvres reculées. Beaucoup de Guyanais sont pauvres et peu instruits, et cela aussi accroit la méfiance dans les vaccins. Mais aussi certains dirigeants politiques comme la sénatrice madame Phinera-Hort ont pris position officiellement et stupidement contre le vaccin, renforçant ainsi l’obscurantisme et le complotisme de beaucoup de gens.
Dans cette situation, les limites du système de santé en Guyane sont encore plus inquiétantes. Avec 27 malades du Covid en réanimation répartis dans les hôpitaux, à la mi-mai, il ne restait que deux lits de réanimation ; deux malades ont été envoyés en Martinique pour éviter la saturation. Les personnels des hôpitaux sont en sous-effectif et souffrent d’épuisement.
Un réel danger est la configuration de la frontière entre la Guyane française et le Brésil. De part et d’autre du fleuve les populations circulent en permanence, les Guyanais vont acheter, moins cher, au Brésil, juste en face ! Les Brésiliens viennent se soigner en Guyane, vu la catastrophe sanitaire et économique chez eux. Une arrivée importante récente d’originaires d’Haïti a été signalée à cette frontière. C’est l’insécurité, liée aux gangs et à la misère, qui pousse certains Haïtiens, pas nécessairement pauvres, à quitter le pays et à venir en Guyane en passant par le Brésil. La gravité de la pandémie, très mal gérée au Brésil et l’existence de variants agressifs inquiètent avec raison.
Les élus piqués au vif par les déclarations de Mme de Bort de l’ARS ont noté que la situation en Guyane n’est pas si dramatique : depuis le début de la pandémie en mars 2020, le 24 mai 2021 il y a eu 109 morts pour 28 500 personnes contaminées. Soit un mort pour 260 atteints. Ce chiffre serait le meilleur de France. Au même moment en France : 108 658 morts pour 5,61 millions de personnes contaminées soit un mort pour 52 contaminés, cinq fois plus qu’en Guyane. Or le nombre de malades pour 100 000 habitants est comparable : depuis le début de la pandémie : 8 070 pour la Guyane et 8 400 pour la France. Il reste que la population, comme en Guadeloupe, est très craintive sur le vaccin. L’immunité collective va donc tarder. Les risques de contaminations et de décès augmenteront. Il faut une campagne d’explication intense en Guyane comme aux Antilles !
D.H. Le 7 juin, les écoles ouvrent et certaines mesures sont adoucies, confinement et couvre-feu sont maintenus. La décision de tenir les élections les 20 et 27 mai a été prise le 7 juin.