Les dernières élections ont placé à la tête des collectivités, comme attendu, en Guadeloupe, Ary Chalus (macroniste) à la tête du Conseil régional, et Guy Losbar (macroniste) au Conseil départemental. En Martinique, Serge Letchimy (PPM-Parti progressiste martiniquais proche des socialistes) est le nouveau président de la Collectivité territoriale de Martinique (CTM). Alfred Marie-Jeanne a été battu en recueillant tout de même une bonne partie des suffrages.
Avec notre liste Combat ouvrier – Faire entendre le camp des travailleurs, nous avons dénoncé le système capitaliste, système économique basé sur l’exploitation de l’homme par l’homme profitant à une minorité, la bourgeoisie. Cela, 3 000 travailleurs dans les deux îles (3,26 %) l’ont approuvé. C’est peu mais ce n’est pas négligeable.
Les élections dans la société capitaliste sont un enfumage qui permet à la bourgeoisie de rester la classe dominante, tout en donnant l’illusion du choix, et du changement. Mais la reconduite ou le renouvellement du personnel politique n’arrête nullement l’exploitation capitaliste. La population laborieuse en grande partie s’abstient de voter face au peu de changement fondamental qu’apportent les élections. D’un autre côté, une partie de la population s’identifie aux politiciens qui s’adressent à « tous les Guadeloupéens » et à « tous les Martiniquais ». Nous avons appelé à se méfier de ces formulations, car il existe au moins deux Guadeloupe et deux Martinique. Celles des riches et exploiteurs, et celles des travailleurs et de la population pauvre. Les intérêts des riches et des pauvres sont radicalement opposés. La nouvelle formation politique nationaliste, la liste « Nou » en Guadeloupe, a rejoint toutes les autres sur ce terrain-là. Son succès au premier tour (plus de 9,39 %) n’enlève rien à ce fait. Tenter de faire croire à un peuple que toutes ses composantes ont les mêmes intérêts sans distinction de classe est une escroquerie électorale et capitaliste. À son investiture, Serge Letchimy a annoncé ne pas vouloir « d’étanchéité entre le secteur économique et le secteur public » notamment en ce qui concerne les financements. Autrement dit, il compte continuer à verser l’argent public au patronat. Ary Chalus a exposé dix mesures que l’urgence sociale lui aurait soi-disant dictées, sans pour autant qu’y apparaisse une quelconque action pour remplacer d’urgence l’ensemble du réseau d’eau et régler définitivement le problème de l’eau courante et de sa potabilité. Les intérêts des travailleurs sont loin des préoccupations essentielles de ces messieurs.
À défaut de gagner dans les urnes, ce qui n’est pas leur combat privilégié, les travailleurs ont à se faire entendre sur le terrain. À défendre leurs intérêts dans la rue et les luttes dans les entreprises. C’est dans les confrontations directes avec le grand patronat que les travailleurs pourront imposer la répartition du travail entre tous, seul moyen d’éradiquer le chômage. C’est dans une telle confrontation qu’ils pourront imposer l’augmentation des salaires, des retraites et des allocations pour pouvoir vivre décemment. C’est dans ces grandes luttes que nous pourrons exiger de régler le problème de distribution de l’eau courante sur nos deux îles, mais aussi l’indemnisation de la population empoisonnée au chlordécone par les capitalistes de la banane. C’est dans une confrontation directe avec la grande bourgeoisie que les travailleurs pourront lui contester la direction de la société, pour la faire fonctionner dans l’intérêt de tous.