CO N°1 (24 mai 1971) – APRÈS L’ACCIDENT DE RIVIÈRE PILOTE : sur les routes des Antilles, la mort à chaque tournant vous attend

Le vendredi 23 avril, un accident de la circulation se produisait près de Fougainville (Rivière-
Pilote). Un homme au volant d’une camionnette croise l’un de ces gros engins agricoles qui depuis
quelque temps sillonnent les routes de Martinique et de Guadeloupe. Ces engins obstruent les troisquarts
de la chaussée et le plus souvent, les voitures venant en sens inverse sont obligées de se
déporter presque sur les accotements, risquant ainsi de verser dans le fossé, périodiquement c’est
d’ailleurs ce qui se passe et c’est ce qui est arrivé dans l’accident de Fougainville. L’homme de la
camionnette est mort. Ce n’est pas la première victime de ces engins. Mais ceux qui les ont fait
venir, ceux à qui ils appartiennent, en l’occurrence les grosses sociétés sucrières et agricoles, se
moquent de savoir que leurs engins sont capables de tuer des gens, pourvu qu’ils fassent monter
leurs profits. Et l’Administration qui est si prompte à voler au secours des grosses sociétés quand
les travailleurs agricoles sont en grève, ne fait rien pour régler cette situation. Comment a-t-on pu
autoriser la circulation de tels véhicules avant d’avoir révisé l’ensemble du réseau routier ? Chaque
semaine il y a au moins un de ces engins qui, soit verse dans le fossé, soit occasionne un accident,
mettant en danger, et la vie des automobilistes, et celle des conducteurs d’engins. Quand on sait de
plus que ces conducteurs travaillent 12 h par jour d’affilée, on ne peut plus s’étonner de la
fréquence des accidents. Evidemment, il est plus facile de dépenser de l’argent pour accumuler ici
des forces de répression de plus en plus nombreuses que de réviser les routes. Faudra-t-il attendre
que se manifeste la colère des usagers de la route et des riverains pour que cela change ?