Selon l’INSEE, de 2013 à 2018, la Guadeloupe a perdu 14 500 habitants et la Martinique 17 000.
Aux Antilles, le chômage et la précarité sévissent. Nombreux sont les jeunes travailleurs et les étudiants partis en France pour leurs études, qui, ne trouvant pas de travail aux Antilles, préfèrent rester en France où le chômage est moindre. En Hexagone, le chômage est de 9 %, contre 24 % et 18 % respectivement pour la Guadeloupe et la Martinique. Cette émigration d’une partie de la jeunesse est la principale cause de la baisse de la population aux Antilles. Dans les années 60, la Guadeloupe et la Martinique étaient des départements jeunes. Des foyers de colère et de contestation anticoloniales naissaient dans cette jeunesse, ce qui posait problème à l’État.
En 1963, l’État crée le Bumidom (Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer). Cet organisme proposait aux jeunes des Antilles, de la Guyane et de la Réunion de partir gratuitement en France, de recevoir une formation de quelques mois et d’y trouver un travail. Le Bumidom a été une stratégie de l’État pour vider les Antilles d’une partie de sa jeunesse beaucoup trop remuante, il voulait ainsi désactiver la rébellion et le mécontentement social. En 1977, cette émigration organisée et favorisée a conduit Aimé Césaire à qualifier la politique de l’État de « génocide par substitution » en Guadeloupe et en Martinique. Car dans le même temps venaient de nombreux Français de l’hexagone. Depuis 2013, pour la première fois, il y a moins de naissances que de décès en Guadeloupe et en Martinique. Le Bumidom a été dissout en 1981. Mais les jeunes ont continué de partir surtout en France mais aussi dans d’autres pays.