CO N°1257 (20 février 2021) – En Birmanie, la protestation s’amplifie

Le général Min Aung Hlaing a pris le pouvoir par un coup d’État le 1er février ;  la dirigeante de l’État, Aung San Suu Kyi, a été placée en détention. La population manifeste par milliers dans les rues contre le coup d’État militaire. Lors des manifestations, ils lèvent trois doigts en signe de protestation.

Des enseignants, des agents du transport aérien, d’autres fonctionnaires se sont mis en grève. Des syndicats, des groupes d’étudiants, des travailleurs de la santé continuent de manifester. Ils veulent le retour d’Aung San Suu Kyi à la direction du pays.

L’armée conteste la victoire de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), parti de la dirigeante Aung San Suu Kyi, aux élections législatives de novembre 2020. Le parti a obtenu 82 % des voix, loin devant celui des militaires. Les généraux y voient une menace, car depuis 1962, même après la fin de la dictature militaire en 2011, ils se sont assurés de préserver un maximum de pouvoir. Ils ont exigé que la Constitution attribue 25 % des sièges des deux parlements à l’armée. Les postes des ministres de la défense, de l’Intérieur et des frontières sont désignés par elle. L’armée veut préserver ses intérêts en pillant les richesses au détriment de la population. Les généraux se font des milliards d’euros grâce à l’exploitation des mines de jade ou de rubis, des hydrocarbures et du gaz. Ils sont impliqués dans le trafic de l’opium. L’armée est connue pour « l’épuration ethnique » de minorités, dont les massacres des musulmans Rohingyas en 2017.

Après deux semaines de manifestations, l’armée continue de réprimer, des dirigeants politiques et des manifestants ont été arrêtés. Le 14 février, la junte a tiré sur des manifestants, le nouveau pouvoir multiplie les arrestations nocturnes et menace ceux qui hébergent des militants recherchés.

Mais la population s’organise face à la répression et aux violences des militaires. Elle forme des patrouilles pour se protéger des agressions et des enlèvements.

Les États-Unis et plusieurs pays de l’Union européenne font mine de condamner la violente répression.

Les travailleurs et la population ne pourront compter que sur leurs propres forces pour défendre leurs intérêts.