CO N°1260 (3 avril 2021) – Martinique : Il y a soixante ans : la sanglante répression du Lamentin

Le 24 mars 1961, lors d’une grève des ouvriers agricoles de la canne, les gendarmes ont tiré sur des manifestants rassemblés au bourg du Lamentin tuant trois d’entre eux et blessant 25 autres.

C’est à la fin du mois de février 1961 que la grève éclata dans deux usines sucrières du Lamentin : l’usine Le Lareinty, gérée par le riche béké Roger Aubéry et l’usine du Soudon. Les grévistes exigeaient une augmentation de salaire.

Comme traditionnellement aux Antilles, les grévistes ont rapidement entamé une grève marchante passant de plantation en plantation pour convaincre d’autres ouvriers de les rejoindre. En quelques jours, la grève se propagea vers le Nord passant par des usines du François, de Rivière-Salée, de Basse-Pointe et de Macouba.

Les patrons békés ne voulaient rien céder. Ils disaient : « plutôt perdre la récolte que de donner un sou ». Le 24 mars 1961, à 12h30 au Lamentin, les gendarmes arrêtèrent deux ouvriers pendant une manifestation. La population se rassembla dans le bourg pour exiger leur libération.

Dans la soirée les gendarmes tirèrent sur les manifestants tuant deux ouvriers agricoles, Alexandre Laurencine, 21 ans et Édouard Valide, 26 ans, ainsi qu’Annette Marie-Calixte, 24 ans, une couturière. Pendant leur enterrement, Georges Gratiant, maire du Lamentin et membre du PAC (Parti communiste martiniquais), prononça un célèbre discours connu comme le « Discours des trois tombes ». Finalement après ce massacre, le 14 avril 1961, les ouvriers agricoles obtinrent une augmentation de salaire de 8 %. C’était une victoire face à des patrons békés qui ne voulaient rien lâcher.

Ce massacre ne fut ni le premier, ni le dernier dans l’histoire des luttes ouvrières aux Antilles.