CO N°1260 (3 avril 2021) – Martinique : L’État et ses juges protègent les capitalistes

Durant deux jours, les 24 et 25 mars 2021, s’est déroulé au tribunal de Fort-de-France le procès de quatre militants antichlordécone. Selon les juges, ils comparaissaient pour « violences et dégradations à la distillerie JM de Macouba les 12 et 13 février 2021 ». Plusieurs dizaines de militants de différentes organisations politiques et syndicales dont nous Combat ouvrier, s’étaient rassemblés devant le tribunal pour exiger la libération de ces militants emprisonnés et jugés.

Les 12 et 13 février, une quinzaine de militants s’étaient rendus à cette distillerie pour faire part de leurs revendications au directeur de l’entreprise, Charles Larcher. Le véritable patron n’est autre que le capitaliste Bernard Hayot. Il s’agissait pour ces militants de faire procéder la direction au retrait du drapeau aux quatre serpents (symbolisant le système royaliste et esclavagiste) et d’autres symboles du même type figurant sur les bouteilles de rhum. Une militante présente au moment des faits a expliqué à la barre « On lui a donné (le directeur) le document avec nos revendications, et on lui a dit de prendre le temps de réfléchir, qu’il n’était pas obligé de le signer tel quel. Il nous disait « je ne signerai pas par orgueil ». Et c’est peu de temps après, j’étais à l’extérieur de la boutique, que j’ai entendu des cris. C’est là qu’on a vu Lubert Labonne dit Lulu à plat par terre avec deux ou trois gendarmes sur lui ». En fait, le directeur de la distillerie n’a fait qu’exécuter au doigt et à l’œil ce que son maître lui a dit de faire.

Résultat, le procureur a tranché en faveur des capitalistes. Ainsi, Hugues Baspin a été condamné à quatre mois de prison avec sursis simple, Kévin Zobal à 12 mois avec sursis dont sept avec sursis probatoire. Pour Bruno Pelage, cela a été 12 mois avec sursis probatoire pendant deux ans et  pour Lubert Labonne, 14 mois avec sursis probatoire pendant deux ans.

Le jeudi 25 mars, à plus de minuit, les militants antichlordéchone sont ressortis libres mais lourdement condamnés par une justice aux ordres des possédants.