CO N°1262 (1er mai 2021) – Guadeloupe – Usine sucrière de Marie-Galante : à qui profite le crime ?

Le 14 avril, une énorme casse sur le générateur de la chaudière de la Sucrerie rhumerie de Marie-Galante (SRMG) située à Grande-Anse a interrompu la campagne sucrière 2021 seulement deux jours après son lancement. L’usine ne sera pas réparée avant 2022 !

On aurait pu parler de « chronique d’une mort annoncée » car cela fait des années que les salariés dénoncent la vétusté de l’usine et chaque année c’est l’incertitude sur le démarrage ou non de la campagne. Plusieurs fois, des collectifs ont été créés pour réclamer la réhabilitation de l’usine. Justement, en février dernier, des ouvriers de l’usine, des planteurs, des transporteurs, des commerçants ont monté le « Collectif uni pour la sauvegarde de l’usine et le maintien de la filière canne à Marie-Galante ». Ils ont organisé une opération escargot à Marie-Galante le 12 mars.

Pourtant, chaque année, au nom du sauvetage et de la modernisation de l’usine, l’État verse aux propriétaires de l’usine des millions d’euros de subventions. Pas plus tard que le 30 décembre dernier, le préfet de la Guadeloupe a de nouveau accordé aux dirigeants de la SRMG une subvention annuelle d’1,6 mil-lions d’euros. Entre 2015 et 2018, l’État a versé près de 10 millions d’euros de subventions à la SRMG. Alors où passe cet argent ?

Une chose est sûre c’est que l’arrêt brutal de la campagne 2021 risque d’avoir de graves conséquences pour tous ceux qui vivent de la canne à Marie-Galante. L’île est déjà sinistrée par le chômage et le départ de la population locale, dont les plus jeunes. La fermeture définitive de l’usine serait une catastrophe.

Pour le moment, les planteurs de canne étudient la possibilité du transfert de leurs 69 000 tonnes de cannes à broyer vers la sucrerie Gardel au Moule.

Mais les ouvriers de l’usine ? Et les petits planteurs ? Dans le « Collectif uni pour la sauvegarde de l’usine et le maintien de la filière canne à Marie-Galante », les ouvriers et les petits planteurs ont intérêt à exiger des garanties pour leur emploi, leur salaire, leur revenu ou indemnités. Ils ont intérêt à demander des comptes sur l’utilisation des subventions publiques.