Le 24 mai 1971, le petit journal Lutte ouvrière (plusieurs feuilles ronéotypées et agrafées) existait depuis six ans, essentiellement dans l’émigration en France. Il ne faut pas confondre avec le journal de nos camarades : Lutte ouvrière. À la même époque, eux s’exprimaient dans un journal du nom de Voix ouvrière.
C’est en novembre 1965 que sortait le premier numéro correspondant à la création de notre groupe, ascendant de Combat ouvrier : « la ligue antillaise des travailleurs communistes ».
Il était vendu devant les hôpitaux, les centres de tri postaux, là où travaillaient de nombreux Antillais et aussi aux Halles de Paris le samedi matin, où de nombreux travailleurs antillais venaient faire leur marché. Nous le vendions également dans le milieu étudiant, et dans les banlieues ouvrières, essentiellement le dimanche matin, à Sarcelles, Le Blanc-Mesnil… autour de Paris et d’autres grandes villes.
Le Bumidom (Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer) avait contraint des milliers de personnes à quitter leur pays, permettant à certaines de trouver un travail. C’est dans ce milieu de travailleurs émigrés, pauvres, que nous avons commencé à militer.
En 1971, lorsque notre groupe est rentré en Guadeloupe, le journal a été remplacé d’abord par un mensuel, Combat ouvrier, imprimé en France. Dès lors le journal a contribué à l’activité militante, en Guadeloupe puis en Martinique, des militants de l’organisation trotskyste du même nom. Puis il a été imprimé en Guadeloupe. Pendant une longue période il a été hebdomadaire. Puis il a paru tous les quinze jours jusqu’à maintenant.
Le journal est en partie notre vitrine, un outil d’expression politique. Il nous permet de faire connaitre les idées que nous défendons. Il nous permet aussi de nous former politiquement.
Après l’Étincelle et le Progrès social, Combat ouvrier est un des plus anciens journaux de Guadeloupe à paraître régulièrement. Il est vendu en Martinique, car notre organisation existe sur les deux îles.
Notre journal et nos interventions politiques sont apparus au moment de la floraison des idées nationalistes dans le monde et aux Antilles au cours des années 60 du siècle dernier. Nous avons donc dû y exprimer avant tout un point de vue de classe : celui de la classe ouvrière. Nos idées communistes se sont toujours opposées au nationalisme quel qu’il soit.
Dans les années 70, la grande misère, celle choquante des quartiers pauvres sans eau et salubrité, diminuait. Mais les séquelles du colonialisme demeuraient et demeurent encore. Le journal Combat ouvrier a accompagné les grèves, manifestations et autres luttes des travailleurs. Ses militants en ont dirigé quelques unes.
Les idées communistes révolutionnaires exprimées dans ce journal restent minoritaires face à une allégeance à l’organisation capitaliste de la société qui impose le pouvoir de la classe possédante, des patrons, des exploiteurs. Nous contestons les idées nationalistes qui, dans le monde entier, une fois chassés les colonialistes, assurent le pouvoir aux notoriétés locales, aux riches « nationaux ».
De ce fait les plus pauvres restent opprimés, souvent les syndicats sont interdits, des grèves réprimées dans le sang, et cela par ceux mêmes qui ont arraché le pouvoir aux colonialistes.
Combat ouvrier revendique le pouvoir à ceux qui font fonctionner la société, ceux sans qui il n’y aurait pas de richesses, les travailleurs, et s’engage à mener la lutte pour cet objectif avec tous ceux qui veulent rejoindre nos rangs.