CO N°1268 (24 juillet 2021) – Haïti : nouveau Premier ministre, nouveau gouvernement, et après ?

Le mardi 20 juillet 2021 en Haïti, Ariel Henry – qui avait été nommé par le président Jovenel Moïse juste avant que celui-ci ne soit assassiné – a pris ses fonctions de Premier ministre. Il va former un nouveau gouvernement où l’ex-Premier ministre par intérim, Claude Joseph, reprendra son poste de ministre des Affaires étrangères.

Il n’y aura pas de président de la République, dans l’immédiat. Les deux politiciens mettent une sourdine à leurs querelles, et le nouveau gouvernement aura pour mission d’organiser les élections générales le plus vite possible. Ils y sont poussés par le Core Group composé d’ambassadeurs de différents pays : américain et français entre autres, mais aussi ceux de l’Union européenne et de l’OEA, l’organisation des États américains et la représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies.

Les funérailles de Jovenel Moïse ont lieu le vendredi 23 juillet. Ses partisans ont déja défilé dans la ville de Port-de-Paix le 16 juillet, brandissant des pancartes exigeant que les responsables soient jugés. Sa femme qui est revenue en Haïti après avoir été soignée et les politiciens proches veulent fabriquer une légende de Jovenel Moïse « bâtisseur ». Les politiciens de l’opposition observent la trêve des funérailles.

Les entreprises de textile du parc industriel ont rouvert et pour aller sur la zone industrielle les ouvriers payent le prix de la course à moto deux fois plus cher. Comme les gangs bloquent la route de Martissant donnant accès au terminal pétrolier, le carburant est rare. Les prix des denrées s’envolent du fait d’une pénurie de carburant organisée dans le marché informel aux abords des stations et sur le bord de la route avec les revendeurs qui vendent au détail.

Les premiers vaccins Moderna sont arrivés et seront réservés à une catégorie de la population. Déjà précaire et inégalitaire, le système de santé se détériore. L’offre de soins est essentiellement privée et les structures de santé publiques sont démunies de moyens.

Ce sont les mêmes politiciens qui se succèdent aux postes de pouvoir, pour y défendre les intérêts de la bourgeoisie. Les travailleurs ne sont pas dupes. Ils n’ont rien à y gagner. Seule les renforcera leur propre organisation politique de classe.