Lundi 18 octobre l’appel à la grève contre l’insécurité lancé par les syndicats des chauffeurs de transport en commun a été largement suivi dans la capitale et en province.
Lundi matin les rues de Port-au-Prince étaient vides, pas de trafic, quelques rares travailleurs essayant d’aller à pied vers la zone industrielle ont rebroussé chemin. Les écoles étaient fermées et les parents appelés à garder les enfants. Cette première journée de grève contre les kidnappings a été une réussite. Les commerces étaient fermés, des écoles fermées, les administrations fermées, les marchandes sont restées chez elles et les marchés vides, les quelques motos taxis qui circulaient le matin ont été arrêtées. La ville était déserte.
En province le mouvement a été aussi suivi. Dans le département des Nippes, même les motocyclettes n’ont pas circulé, toutes les activités, y compris les marchés publics, se sont arrêtées. Dans les villes des Cayes, Mirebalais, Port-de-Paix, Jérémie ou encore Jacmel, les activités ont été paralysées : écoles, transport en commun, tous au point mort.
Etranglés par la hausse du prix du carburant, les chauffeurs expliquent qu’ils sont aussi victimes de kidnappings et de braquages. Trois bus ont été interceptés par un gang, les passagers battus, dépouillés, les femmes violées. La population subit l’insécurité au quotidien.
Les gangs se sont structurés et occupent des territoires ceinturant la capitale. Ils sont équipés d’armes lourdes et ont recruté des hommes. Ils sortent de leur base pour affronter d’autres gangs, rançonner, kidnapper. Vivant de rapines sur la population, ils imposent leur loi.
Dimanche 17 octobre le premier ministre Ariel Henry a dû renoncer à déposer une gerbe sur le monument de Jean-Jacques Dessalines, au Pont Rouge. Les policiers qui l’accompagnaient n’ont pas résisté à l’arrivée des hommes du gang G9 qui contrôlent ce quartier de la Saline. Leur chef, un ancien policier proche de l’ancien président Jovenel Moïse, a paradé entouré des ses hommes lourdement armés, puis a déposé une gerbe au monument de Dessalines à la place du premier ministre.
Un autre gang fait la « Une » après avoir kidnappé un groupe de missionnaires américains.
Les politiciens qui ont utilisé ces hommes comme mercenaires et les ont armés, financés, sont maintenant dépassés et ne les contrôlent pas. Face aux exactions des gangs, il y a ceux qui attendent du ciel le secours, d’autres qui appellent une intervention militaire américaine, d’autres qui espèrent qu’un leader politique providentiel apportera la solution.
Face à l’impuissance de l’État cette grève générale est une réponse des chauffeurs, des usagers, de la population en un sursaut de résistance.