Le 30 octobre, des centaines de milliers de manifestants étaient dans les rues de Khartoum, la capitale du Soudan, et dans 70 autres villes, contre le coup d’État militaire du 25 octobre.
Depuis ce coup de force, la population manifeste, les syndicats ont appelé à la grève générale. La répression a été très violente, les militaires ont tiré dans tous les quartiers sur des femmes, des enfants, des personnes âgées, ils ont lancé du gaz lacrymogène sur les manifestants. Au 1er novembre, le bilan était de douze morts au moins et des centaines de blessés. En réponse à cette répression, la population a érigé des barricades avec des pierres, des briques, des branches d’arbres dans de nombreux quartiers.
Les militaires ont pris prétexte de la crise économique qui sévit dans le pays pour faire leur coup d’État. Le général Abdel Fattah al-Bourhane qui a mené le putsch partageait le pouvoir avec le gouvernement civil. Il était proche de l’ancien dictateur, Omar el-Béchir, qui a dirigé le pays pendant 30 ans. Le dictateur a été renversé après le soulèvement populaire de 2019, puis remplacé par un gouvernement dit de transition. L’armée contrôle les entreprises de nombreux secteurs de l’économie comme le pétrole, les mines, l’agriculture, le bétail et les télécoms. Lorsque le gouvernement civil a voulu renflouer les caisses de l’État en mettant ces sociétés sous son contrôle, les militaires ont réagi par ce coup d’État.
La population subit de plein fouet la crise économique. La dévaluation de la monnaie soudanaise a fait flamber les prix. Le pain manque dans les boulangeries, le coût du transport a doublé à cause de la hausse des prix du carburant. Les coupures d’électricité sont fréquentes.
Le secrétaire général de l’ONU et des États impérialistes comme les États-Unis et la France font mine de condamner ce coup d’État et l’arrestation des membres du gouvernement. Durant des décennies, les grandes sociétés capitalistes, avec l’appui de ces puissances impérialistes, ont apporté leur soutien au dictateur Omar el-Béchir. La banque française BNP Paribas a été complice du génocide commis au Soudan sous la direction d’el-Béchir entre 2002 et 2008. Les militaires, le gouvernement civil, les États impérialistes ont montré leur incapacité à améliorer la situation de la population. Les travailleurs et les classes populaires ne pourront compter que sur leur propre force.