Les gangs contrôlent pratiquement le pays. Ils le prouvent en décrétant une trêve dans leur blocage de la livraison de carburant.
Les livraisons de carburant ont repris dans certaines stations-service depuis le 12 novembre. Ce fut la ruée. Les motos taxis formaient de longues files à côté de celles des particuliers venus remplir leurs bidons. Le carburant est devenu une denrée très rare suite à la pénurie découlant du blocage. Un marché parallèle lucratif a proliféré, orchestré par quelques malfrats ayant l’argent pour acheter le carburant en grande quantité et le revendre à prix d’or.
Y participent des gérants de stations, des policiers, des politiciens et ceux qui ont une parcelle d’autorité. Ainsi le prix du gallon a été multiplié par dix, entrainant à la hausse les prix des transports, du pain ou des repas vendus par les marchandes devant les entreprises de la zone industrielle.
Le chef de gang Chérizier, après avoir défié le gouvernement en dispersant la cérémonie du 17 octobre, montre ses ambitions en décrétant un arrêt des combats avec les autres gangs jusqu’au 18 novembre. Une date symbolique car en 1803, lors de la bataille de Vertières le 18 novembre, l’armée des esclaves insurgés emporta la victoire sur les soldats envoyés par Napoléon et ouvrit la voie vers l’indépendance d’Haïti au premier janvier 1804.
Ce chef de gang réclame de nouveau la démission du Premier ministre Ariel Henry. Dans la bagarre qui se poursuit entre les politiciens et les gangs pour le pouvoir, les habitants des quartiers payent un lourd tribut avec les morts et les blessés. Ils mettent à profit cette semaine de trêve pour trouver des denrées de base, sortir et essayer de vendre quelques marchandises. D’autres prennent la route pour une zone de province où la pression des gangs est moins forte, cherchant une solution pour survivre.