Voilà plus d’une année que la dictature des gangs s’intensifie en Haïti. Dans la zone de la capitale, la population laborieuse survit dans une insécurité croissante.
On ne peut faire le compte des victimes rançonnées, kidnappées, assassinées dans cette guerre que se livrent les gangs. Les territoires qu’ils contrôlent sont les quartiers populaires, les lieux de vie des pauvres, les camps, les bidonvilles. Les petites marchandes, les vendeurs de « mangé cuit », les djobeurs sont en danger à chaque sortie à la recherche de quoi nourrir la famille.
En province le prix des denrées étrangle la population. Il a grimpé avec l’augmentation des prix des carburants décrétée par le gouvernement de Ariel Henry. L’essence a augmenté de 25 %, le diesel et le pétrole lampant de 75 %. Quant aux prix du marché parallèle ils sont multipliés par deux ou trois.
Pour ceux qui ont un travail dans la zone industrielle, le tableau est le même. Dans certaines usines les ouvriers ont réagi face à des chefs arrogants, des augmentations de cadence, ou des conditions sanitaires intolérables. La fin de l’année est le moment du calcul de la prime de fin d’année (le boni) et la bagarre est toujours engagée pour ne pas se faire rouler par le patron.
Voici une traduction du dernier bulletin en créole diffusé dans les entreprises par nos camarades de l’Organisation des travailleurs révolutionnaires :
PAWÒL TRAVAYÈ
En cette fin d’année, quel bilan pour les travailleurs
Depuis novembre 2019, les ouvriers touchent un salaire minimum journalier de 500 gourdes (cinq à six euros). À la fin de l’année 2021, le salaire reste toujours le même. Dans le même temps les prix des produits de base s’envolent. Les loyers, l’écolage, les transports, voient leurs prix multipliés par deux ou trois.
Dans les usines les travailleurs subissent un calvaire. Les cadences se sont accélérées, il n’y a pas de toilettes, pas d’eau potable, pas de lieu de restauration. Les chefs nous mettent sous pression et les sanctions tombent sans raison valable. Pour réussir à manger dans une journée, c’est une calamité. On passe de crédit en crédit pour rembourser le crédit. En fin de journée il ne reste pas de quoi ramener à la maison.
Dans les quartiers, c’est l’insécurité qui est installée. On vient au travail en traversant les zones dangereuses, sous la menace de kidnapping, de balles perdues, ou de viol. L’insécurité frappe sans distinction homme, femme ou enfant.
Tout cela se déroule sous les yeux et avec la complicité des politiciens et des gouvernements. Ceux-là mêmes qui ont armé les gangs.
Du côté des patrons le bilan est positif. Les millions qu’ils ont réalisés c’est sur notre sueur, sur notre dos, exploitant notre force de travail. Ils réfléchissent où et comment ils vont dépenser le produit de ce vol entre eux et leurs familles.
Nous faisons face. Les travailleurs organisés sont une force et ce message doit passer de l’un à l’autre. L’année 2022 arrive, et pour qu’elle ne soit pas identique à 2021, il y a à se préparer, se regrouper pour entrer dans la bataille pour changer nos conditions de vie.
OTR-UCI – Jédi 9 désanm 2021
An nou konté sou fòs nou !