Le 12 décembre, la population était appelée à prendre part au troisième et dernier référendum sur l’indépendance. Malgré le taux d’abstention global de 56 % et la non-participation massive de la population kanake à ce scrutin, Macron s’est réjoui des 96,5 % de voix pour le « Non » à l’indépendance.
Macron, en bon représentant du colonialisme français a fait cette déclaration méprisante : « Les Calédoniennes et Calédoniens ont décidé de rester français, ils l’ont choisi librement. […] Ce soir, la France est plus belle car la Nouvelle-Calédonie a décidé d’y rester ! ».
L’appel à l’abstention des partis indépendantistes a été massivement suivi dans les régions où la population kanake est majoritaire par rapport aux Caldoches (Blancs descendants des colons européens). Ainsi dans la Province Nord et la Province des îles Loyauté, le taux de participation a chuté respectivement à 16,6 % et 4,5 %. À contrario dans la Province Sud à majorité caldoche, il a atteint 60,6 %.
Depuis fin octobre, les partis kanaks avaient demandé le report de ce référendum. Ils expliquaient qu’il leur était impossible de mener leur campagne électorale, en raison de l’épidémie de coronavirus qui a fait de nombreux morts et du deuil d’une année décidé par le sénat coutumier kanak. Mais ni l’annonce de ce deuil, ni la menace d’abstention des partis de ceux qui sont pourtant les premiers concernés, colonisés depuis 168 ans, n’ont ému ni ébranlé le gouvernement.
En maintenant la date du 12 décembre, Macron avait choisi ouvertement le camp de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie caldoche, le camp des loyalistes. Le gouvernement, comme ces loyalistes, était pressé d’en finir avec un processus qui a vu leur avance sur les indépendantistes se réduire de 56 % à 53 % entre le premier et le deuxième référendum. L’élection présidentielle approchant, Macron voulait aussi pouvoir mettre à son bilan la clôture de ce processus et le rejet de l’indépendance, tout en réaffirmant la présence de l’impérialisme français dans le Pacifique.
Un vote sous intimidation militaire ? Au prétexte d’éventuels troubles durant ce scrutin, l’État français avait mobilisé 2 000 militaires répartis sur les points stratégiques de l’archipel, un chiffre considérable pour une population de 270 000 habitants.
Alors même que la Nouvelle-Calédonie est le troisième producteur mondial de nickel, dont l’archipel détient 25 % des ressources mondiales, les populations d’origine de ces îles vivent dans la misère, subissant le mépris, le racisme des autorités françaises et de certains Blancs installés.
Après la parodie de consultation organisée par le colonialisme français, les travailleurs et les pauvres kanaks doivent plus que jamais constituer leur propre force politique pour faire entendre leurs propres intérêts d’exploités. Car même un changement de statut ou une indépendance, au nom des intérêts de la petite-bourgeoisie kanake, ne les libérerait pas de la misère perpétuée par l’impérialisme mondial.