CO N°1277 (15 janvier 2022) – Kazakhstan – Manifestations réprimées dans le sang

Le 1er janvier, la hausse du prix du carburant a mis le feu aux poudres. Dès le lendemain, des milliers de manifestants ont protesté pendant plusieurs jours contre ces augmentations. Le bilan est lourd, on dénombrait le 9 janvier 164 personnes tuées, 6 000 arrestations et plus de 2 000 blessés.

Le 1er janvier le gouvernement a supprimé le plafond du prix du gaz de pétrole liquéfié (GPL), c’est le carburant le plus utilisé dans le pays. Le prix du GPL a doublé. Cette hausse entraine celle des produits alimentaires. La révolte a commencé à Janaozen, une région riche en ressources pétrolières. Les manifestants exigeaient que le prix du gaz soit adapté au Smic et réduit de moitié. Le mouvement s’est ensuite étendu à d’autres villes. À Almaty, la capitale économique du Kazakhstan, des émeutes ont éclaté, la police a tiré à balles réelles sur les manifestants. Le président, Kassym-Jomart Tokaïev, a décrété l’état d’urgence. Le 4 janvier, plusieurs milliers de personnes ont scandé des slogans contre le gouvernement et l’ancien dictateur Noursoultan NazarbaÏev qui contrôle l’actuel gouvernement. NazarbaÏev, resté 28 ans au pouvoir après l’indépendance du pays, s’était nommé président du Conseil de sécurité pour garder sa mainmise sur le pays et ses richesses. Après les trois jours de manifestations, Tokaïev a limogé le gouvernement, puis il a pris la présidence du Conseil de sécurité. Face à la révolte, le président a décidé de plafonner pour six mois le prix des carburants et a coupé le réseau internet. Les demandes des manifestants ont évolué. En plus de protester contre l’augmentation des prix du GPL, ils protestent contre la dictature. Depuis plusieurs années les travailleurs et la population pauvre sont écrasés par les inégalités, la corruption et l’absence d’élections libres. Tokaïev a appelé la Russie à l’aide via l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), une alliance militaire composée de cinq anciennes républiques soviétiques et de la Russie. La Russie a envoyé 3 000 soldats au Kazakhstan. Le président chinois Xi Jinping a adressé son soutien aux « mesures fortes » prises par Tokaïev pour réprimer la révolte. C’est avec l’appui des deux puissances la Chine et la Russie que le président kazakh a ordonné le massacre du peuple en lutte.

Comme le Kazakhstan est un pays riche en gisements de pétrole et en uranium, les deux puissances, la Russie tout comme la Chine, veulent préserver leurs intérêts économiques dans la région quitte à soutenir la répression pour rétablir l’ordre.