CO N°1284 (23 avril 2022) – Haïti : la vie chère frappe la population laborieuse

Le 13 avril, au large de Cuba, les garde-côtes américains arraisonnaient un voilier surchargé qui essayait de rallier les côtes de la Floride. Ce rafiot transportait 109 Haïtiens qui fuyaient la misère, espérant une hypothétique solution en débarquant aux USA.

En effet pour la population laborieuse la vie quotidienne catastrophique devient intenable au fil des semaines. La valeur de la gourde s’est effondrée passant de 97 gourdes pour un dollar en octobre 2021 à 110 gourdes pour un dollar en février. En février, les manifestations des ouvriers à Port-au-Prince avaient obligé le gouvernement à ajuster le salaire journalier de 500 gourdes (soit 5,15 dollars) à 685 gourdes (soit 6,22 dollars). Avec la chute de la gourde à 125 gourdes pour un dollar en avril, ces 685 gourdes ne valent plus que 5,48 dollars.

Parallèlement le prix des denrées de base a subi une augmentation en flèche comme la farine et le pain de plus de 30 %, le riz de 36 % ou l’huile de 60 %. Une bonbonne de gaz propane qui valait 1250 gourdes en septembre 2021 est passée à 1550 gourdes en février et vaut maintenant 1750 gourdes en avril.

Les prix continuent à la hausse, alimentés par les spéculateurs qui achètent les dollars aux banques et les revendent sur le marché informel en faisant de copieux bénéfices. Les familles bourgeoises peuvent faire face à ces prix élevés, mais les ménages populaires sont aux abois, tentant par tous les moyens de nourrir la famille. Les djobeurs, les petites marchandes, les ouvriers ou les paysans cherchent une solution et cela pousse ceux qui le peuvent à tenter leur chance comme boat people sur l’océan.

Depuis octobre 2021 les garde-côtes américains ont appréhendé 3412 boat people, un nombre deux fois plus élevé que durant l’année 2020. Avec la rapacité de la bourgeoisie à faire des profits en toute situation, les choses ne font qu’empirer.