À propos des armes à feu aux États-Unis, nous avons traduit ci-dessous un article du journal révolutionnaire trotskyste américain « The Spark ».
Le deuxième amendement à la Constitution américaine, correspondant au droit de posséder des armes à feu, est constamment mentionné par les politiciens, les médias et l’industrie des armes à feu. Pourtant, ce qui est rarement mentionné, c’est le fait historique que le deuxième amendement a été intégré à la Déclaration des droits (Bill of Rights) sur l’insistance des États esclavagistes du Sud.
La Constitution américaine a été rédigée à la suite de la Révolution américaine à une époque où l’esclavage des Noirs générait une richesse considérable. Dès ses débuts, le système politique américain s’est bâti sur des compromis conclus entre les représentants des riches dont les intérêts divergeaient. À la fin des années 1780, il s’agissait d’intérêts esclavagistes dans le Sud contre ceux de la bourgeoisie commerçante et foncière dans le Nord.
La Constitution américaine qui a émergé était un document qui protégeait avant tout les intérêts de propriété des plus riches du Nord et du Sud. Après la Révolution américaine, les gens ordinaires espéraient des améliorations dans leur quotidien. L’un des premiers actes du Congrès a été d’adopter la Déclaration des droits, dans l’espoir de renforcer le soutien populaire au nouveau gouvernement américain.
L’histoire derrière le deuxième amendement de la Déclaration des droits, qui reconnaît la possibilité pour le peuple américain de constituer une « milice bien réglementée » et qui instaure « le droit du peuple de détenir et de porter des armes », a été largement cachée.
Dans l’ouvrage « The Second : Race and Guns in a Fatally Unequal America », paru en 2021, Carol Anderson livre les résultats de ses recherches sur le deuxième amendement. Elle détaille comment « Patrick Henry et George Mason de Virginie ont exprimé leurs craintes que le gouvernement fédéral ne les aide pas à vaincre les soulèvements d’esclaves, et ont exigé que le deuxième amendement soit inclus afin qu’ils puissent faire face à de telles révoltes » au niveau de l’État.
En d’autres termes, les « pères fondateurs » esclavagistes ont insisté sur le deuxième amendement pour s’assurer une milice bien réglementée – pour réprimer les rébellions des Noirs ! Anderson dit en résumé, « Le deuxième amendement était vraiment un pot-de-vin au Sud pour ne pas saper la Constitution. »
Lorsque le deuxième amendement a été rédigé, il n’a jamais été question d’armer la population noire. Peu de temps après l’adoption du deuxième amendement, la plupart des États ont adopté des lois interdisant aux Noirs de posséder des armes à feu. Ensuite, les États ont adopté des lois retirant les Noirs « libres » des « milices bien réglementées » dans lesquelles ils ont servi pendant la Révolution américaine.
Plus tard, le juge en chef de la Cour suprême des États-Unis a déclaré dans la décision Dred Scott de 1857 que les Noirs n’étaient pas des citoyens, car si les Noirs étaient des citoyens, ils auraient un droit constitutionnel aux armes à feu. Ce qui montre bien le caractère raciste du deuxième amendement.
Le discours du deuxième amendement sur une « milice bien réglementée » est un code tacite pour désigner des milices de Blancs utilisées pour réprimer la rébellion et terroriser la population noire en général.
Les « compromis » racistes qui ont produit la Constitution et la Déclaration des droits des États-Unis, qu’ils soient reconnus ou non, font des ravages parmi les travailleurs aujourd’hui. Ceci, parce que ces « compromis » basés sur le racisme et d’autres oppressions ont été intégrés au système juridique américain.