CO N°1288 (2 juillet 2022) – Guadeloupe – Hôtellerie : mobilité des jeunes, quel enjeu ?

Le 10 juin, le président du GNI-HCR (groupement national des indépendants en hôtellerie et restauration) a déclaré vouloir faire venir des jeunes d’outre-mer en France pour combler le manque de main d’œuvre dans son secteur.

Le chômage de masse qui touche six jeunes sur dix en Guadeloupe ainsi que les salaires, en moyenne plus bas que dans l’hexagone, poussent déjà beaucoup de jeunes à l’exode.

Cette annonce rappelle la politique que l’État a eue en créant le BUMIDOM. Elle consistait à organiser le départ des jeunes d’outre-mer pour qu’ils travaillent en « métropole », mais surtout pour vider les Antilles de sa jeunesse parfois hostile au pouvoir colonial. Les conditions d’accueil et de vie y étaient souvent mauvaises.

Alors que le président du GNI voit « un gisement de main d’œuvre » en outre-mer, Patrick Vial-Collet, grand patron de l’hôtellerie en Guadeloupe et Martinique, dit qu’il manque soi-disant de main d’œuvre, et pleurniche qu’on lui « pique des salariés ». Il lui manquerait 500 emplois rien qu’en Guadeloupe. Il y a des milliers de jeunes au chômage, mais il n’embauche pas et au contraire veut licencier des travailleurs. Lui-même avoue faire comme le GNI pour attirer des travailleurs métropolitains. Comme il l’a fait à Corsair en devenant l’un de ses nouveaux patrons.

Les exploiteurs comme Vial-Collet sont de plus en plus exigeants. Ils veulent des employés polyvalents, expérimentés, formés, sans jamais avoir à se charger eux-mêmes de former. Tout ce qui les intéresse, c’est le profit immédiat.

La jeunesse ne peut rien en attendre. Ces grands patrons s’adonnent à un jeu de « tir à la corde » pour savoir qui va exploiter les jeunes. Ils se moquent éperdument du chômage.

Derrière cette politique, il s’agit encore de vider la Guadeloupe de sa jeunesse. L’État français craint qu’elle soit contaminée par les idées nationalistes ou révolutionnaires. Le pouvoir fait tout pour qu’elle ne soit pas l’avant-garde des futures révoltes de travailleurs, comme elle l’a été durant les barrages et les révoltes de novembre dernier.