Aux dernières élections législatives, le Rassemblement National (RN) a beaucoup progressé. Il a obtenu 89 députés à l’Assemblée nationale alors qu’ils étaient huit avant. Le parti de Marine Le Pen a recueilli au second tour 3 589 465 voix, soit près de 2 millions de voix de plus qu’en 2017 (1 590 869 voix).
En Guadeloupe, Rody Tolassy, leur candidat dans la 3ème circonscription, a obtenu 48 % des voix au deuxième tour sans être élu. Certains ne s’expliquent pas les scores du RN, parti jugé raciste, sur un territoire où la population est en majorité noire et indienne et non blanche. En Martinique la progression est moindre mais le RN a quand même doublé ses voix (de 916 voix en 2017 à 1990 en 2022)
Qu’est-ce qui explique une montée aussi brutale de ce parti depuis 2017 ? Il s’agit en grande partie d’un vote de rejet de Macron et des candidats proches de lui, à l’image de Justine Bénin. Le bon score de Le Pen lors des élections présidentielles a aussi propulsé les candidats RN aux législatives. Ceci dit, il existe depuis longtemps des anti-immigrés dans la population en Guadeloupe. Ces idées se concentrent sur les Haïtiens qui constituent la plus importante immigration. Dans les années 1990, Ibo Simon, avait été à la tête de campagnes xénophobes anti-haïtiennes. Il avait été condamné pour ses propos racistes.
Par ailleurs, depuis 2011, Marine Le Pen a commencé une campagne de dédiabolisation pour donner au RN une image de parti respectable. Elle condamne et a exclu les membres qui tiennent des propos racistes publiquement. C’est une opération que l’on peut considérer comme réussie, car pour beaucoup de gens, le parti n’apparaît plus comme raciste mais comme un parti comme les autres. Mais il n’en reste pas moins vrai que c’est un parti qui fourmille de racistes, de nostalgiques du fascisme et du nazisme, de suprémacistes blancs.
Les grands partis de gauche et de droite ayant été au pouvoir portent aussi la responsabilité de la montée du vote d’extrême droite. Ils ont mené une politique contraire aux intérêts des travailleurs et de la population laborieuse.
Le RN est un parti populiste, il utilise les difficultés de la population pour arriver au pouvoir. Ainsi, sur leur profession de foi en Guadeloupe, il fait apparaître des revendications populaires pour attirer des voix. On pouvait y lire : « nous réintégrerons les soignants », « nous mettrons un terme à l’empoisonnement […] par le chlordécone », « nous augmenterons le pouvoir d’achat », « nous réduirons la criminalité », etc.
Le fait que des travailleurs voient en Le Pen une solution traduit le recul de la conscience de classe. Les travailleurs se tirent une balle dans le pied en votant pour le RN. Ces derniers divisent les travailleurs en désignant les immigrés comme source de tous les problèmes.
Le véritable problème dans cette société, c’est la domination de l’économie par une minorité de riches qui décident de tout en fonction de leurs profits. Le RN lui ne critique jamais les exploiteurs capitalistes. Il ne remet jamais en question les profits que fait le grand patronat sur le dos des travailleurs. Si le RN arrivait au pouvoir, il s’en prendrait aux droits des travailleurs, aux syndicats, et autres partis de la classe ouvrière avec force et même physiquement.
Seules les grandes luttes sociales sont capables de faire émerger un parti des travailleurs et des classes populaires capable de répondre aux problématiques de la population et aux revendications des travailleurs et ainsi de faire disparaitre les illusions des travailleurs dans leurs pires ennemis.