CO N°1289 (17 juillet 2022) – Éditorial – Un an de luttes des soignants contre les suspensions ! Allons vers la lutte collective !

Le mois de juillet 2022 marque en Guadeloupe et en Martinique une année de lutte des travailleurs de la santé et d’une partie de la population, pour le maintien des soignants à leurs postes et la réintégration de ceux qui ont été suspendus pour n’être pas vaccinés contre le COVID. À cette occasion, en Guadeloupe, un appel à une mobilisation massive a été lancée pour le samedi 23 juillet 2022 afin d’exiger la réintégration de plus de 1 000 soignants suspendus.

Le nouveau ministre de la santé, François Braun, a déclaré qu’il y aurait 0,5% de suspendus, sous-entendu « ce n’est pas grave ». Mais ce sont 12 000 soignants qui en France et dans les deux  îles, se sont retrouvés sans salaire.

Les gouvernements justifient ces suspensions par le fait que ces soignants non-vaccinés feraient circuler le virus du COVID-19 dans les centres de soin. Une justification peu convaincante car même en étant vacciné, on peut attraper et transmettre le virus.

En réalité, cette prolongation des suspensions est une pure mesure de répression. En prolongeant ces mesures qui n’ont plus aucun sens, l’État se venge aujourd’hui des travailleurs suspendus et de la population de ses territoires issus de sa colonisation. Comment ont-ils eu l’outrecuidance de se mettre en colère, d’élever des barrages routiers, d’avoir animé la révolte sociale de novembre et décembre 2021 ? Les jeunes des quartiers n’en pouvant plus de chômage, de misère, de désespérance ont pendant plusieurs nuits pillé, incendié et tiré sur les forces de l’ordre à balles réelles, à tort bien sûr, car mettant leur propre vie aussi en jeu. La police et les tribunaux en arrêtent tous les jours et les emprisonnent ! Et tout cela, uniquement pour leur faire payer leur révolte. Cela, sans nullement diminuer la délinquance. Bien au contraire elle se renforce. Les jeunes s’entre-tuent dans les quartiers quand ils ne meurent pas en voiture ou à deux roues. La réponse du pouvoir c’est de leur envoyer Darmanin comme ministre de l’Intérieur et de l’Outre-mer. C’est la matraque. Pas plus d’emplois correctement payés, pas de meilleures perspectives que les menottes et la prison pour tous ces jeunes désespérés.

La révolte sociale de novembre dernier, celle des soignants qui se prolonge sont des luttes pour le respect de la dignité humaine face au mépris colonial et capitaliste !

Un an après, les problèmes sont les mêmes, mais en pire. Les prix continuent de croître. Des bouteilles d’un litre d’huile coûtent désormais 5 €, le litre d’essence a passé la barre des 2 € et les salaires ne suivent toujours pas l’inflation. Tout ceci compose un cocktail de colère qui finira par exploser de nouveau. En attendant, les travailleurs de Guadeloupe et la population laborieuse ont tout intérêt à exprimer leur mécontentement le 23 juillet. Ce peut être l’occasion de coupler une lutte pour la hausse des salaires, pensions et allocations en même temps que les prix augmentent, avec un minimum de 2 000 € par mois net, d’exiger des embauches massives pour en finir avec le chômage qui gangrène la population laborieuse notamment chez les jeunes, de soutenir les grévistes d’ArcelorMittal qui continuent la grève face à un patron hors la loi.

En Martinique, la même lutte collective serait l’occasion de renforcer les luttes actuelles telles que la grève du Carrefour Market au François. Elle serait aussi l’occasion d’élargir le mécontentement, d’obtenir rapidement satisfaction sur des augmentations de salaire pour tous, ce qu’exigent, entre autres, les grévistes de Carrefour Market depuis plus de 150 jours en donnant l’exemple !