Seize homicides en Martinique, 22 en Guadeloupe depuis le début de l’année pour ne parler que de cette année. C’est la jeunesse des couches populaires qui est frappée. Il ne se passe pas une semaine, sans qu’un jeune soit tué par un autre. Cela part de la simple embrouille aux règlements de comptes divers : drogue, vols de scooter ou autre cause.
Une telle escalade de violence s’explique par ce que vivent en permanence les jeunes des quartiers populaires : c’est le chômage de masse avec six jeunes sur dix qui ne trouvent pas de travail. C’est la dégradation des services publics, notamment l’école. Ce sont les formations bancales, inconsistantes, et qui ne débouchent sur aucun contrat, du fait des discriminations à l’embauche. Et quand par chance certains arrivent à avoir un travail, bien souvent il est mal payé, ou pas payé du tout. Beaucoup de jeunes finissent par être dégoûtés du travail, révoltés, et beaucoup rejettent surtout l’idée de travailler pour un patron qui les exploite. C’est toute une partie de la jeunesse qui est laissée à la marge de la société. La conséquence pour elle est une grande désespérance. Un grand nombre quittent les Antilles pour trouver du travail.
L’absence de perspective pousse à des comportements autodestructeurs. Quand un jeune prend des risques inconsidérés sur la route, ou va jusqu’à tirer sur les gendarmes, c’est qu’il n’attend plus rien de la vie. L’augmentation de tels faits divers quotidiens va de pair avec la montée de la pauvreté et de la précarité. L’augmentation délirante du prix des carburants, des produits de consommation plonge les familles les plus pauvres dans une plus grande misère.
En plus de l’injustice sociale à l’encontre des jeunes issus des couches populaires, nous vivons dans une société qui transpire la violence par tous ses pores. Ce que nous montrent et relatent les écrans de télés ce sont les guerres, des bombardements, des attentats et des massacres effroyables. Les jeux vidéos et le cinéma sont trop souvent liés à des scènes de guerre et de tueries. Cet environnement-là, cette culture de la violence dans laquelle baigne notre société n’est vraiment pas de nature à guérir le mal. Elle l’aggraverait plutôt.
C’est en grande partie la jeunesse sans perspective, désespérée qui s’est révoltée en novembre et décembre 2021 sur les barrages pour dénoncer la situation. C’est elle aussi qui pendant plusieurs nuits a laissé exploser sa révolte jusqu’ à tirer à balles réelles contre les forces de l’ordre. Si nous n’approuvons pas ces actes, nous comprenons qu’une jeunesse excédée en arrive là.
La réponse du gouvernement à la crise sociale a été de réprimer. Des centaines de jeunes ont été arrêtés, jugés, emprisonnés, à l’image des « grands frères » qui subissent un acharnement judiciaire et policier. Mais pas plus d’emplois correctement payés, pas plus de moyens ! Le gouvernement n’a pas cherché à résoudre les causes de la crise sociale, il a juste voulu punir tous ceux qui se révoltaient. Par sa politique, le gouvernement aggrave encore la situation.
Nous sommes dans un système capitaliste, dans lequel tout ce qui intéresse le patronat, c’est d’augmenter ses profits. Et tout ce qui intéresse le gouvernement, c’est de servir le patronat. Qu’il y ait des milliers des jeunes au chômage, ils s’en moquent. Au contraire, ils se servent du chômage, pour faire pression sur les travailleurs, baisser les salaires pour augmenter leurs profits. Le combat de la jeunesse n’est pas différent du combat que les travailleurs auront à mener : remettre en cause l’organisation capitaliste de la société.