Mikhaïl Gorbatchev est décédé le 30 août dernier à l’âge de 91 ans. Il fut le dirigeant de l’URSS (Union des républiques socialistes soviétiques) de 1985 jusqu’à l’éclatement de l’Union soviétique, en 1991. Plus exactement, il fut le dernier dirigeant de la couche bureaucratique de l’URSS.
Cette bureaucratie s’était emparée du pouvoir quelques années après la révolution bolchévique de 1917 et avait liquidé toute une génération de révolutionnaires jusqu’à Trotsky lui-même.
Au moment de l’arrivée de Gorbatchev au pouvoir la bureaucratie s’est déjà largement servie dans les caisses de l’État mais elle subit encore le contrôle central et aimerait bien s’en débarrasser.
Gorbatchev lui en donnera malgré lui l’occasion, après qu’il eut entrepris une certaine libéralisation du régime, la perestroïka et la glasnost.
Cette politique conduisit à la levée du rideau de fer, nom donné aux frontières qui séparaient les régimes occidentaux de l’URSS. Et cela, jusqu’à la chute du mur de Berlin et la réunification des deux Allemagnes, dite de l’est, sous contrôle soviétique et de l’ouest sous contrôle impérialiste.
Mais à ce jeu-là, Gorbatchev trouva plus fort que lui en Eltsine, son ancien allié. Eltsine promit à la petite bourgeoisie de restaurer le « marché » et à la bureaucratie de légaliser sa mainmise sur les entreprises. Il invita les chefs des républiques soviétiques à prendre le pouvoir en sapant le pouvoir central de Gorbatchev qui démissionna le 25 décembre 1991.
Le 26 décembre l’URSS a vécu. Les anciennes républiques devenues indépendantes au cours des mois précédents menèrent leur vie indépendamment d’un pouvoir central.
Face aux pénuries, les hauts bureaucrates à la tête des 15 républiques de l’Union profitèrent du mécontentement populaire pour sortir de la tutelle du pouvoir central. Ces chefs de la bureaucratie ont maintenant les mains libres pour piller sans contrôle les ressources de leurs pays. Des régimes policiers, militarisés et corrompus se mirent en place dans les anciennes républiques soviétiques. Ces systèmes dictatoriaux ont profité aux nantis locaux pour faire des affaires avec des sociétés étrangères en exploitant férocement leurs classes laborieuses.
Voilà ce qui fut la dernière phase de l’histoire de la bureaucratie issue du régime stalinien quel-ques années après la révolution ouvrière de Russie et de ses nationalités. Cette révolution communiste, certes n’a pu terminer son rôle historique c’est-à-dire la révolution mondiale débarrassée du capitalisme. Mais l’œuvre qu’elle a accompli entre 1917 et 1923 a jeté les bases de l’émancipation future des travailleurs, des exploités du monde entier et de l’humanité.