CO N°1292 (24 septembre 2022) – L’impérialisme britannique et le Commonwealth

Au début du vingtième siècle, la bourgeoisie anglaise est à la tête d’un immense empire colonial. Pour se maintenir au pouvoir, elle a utilisé les fastes d’une monarchie moyenâgeuse, se servant d’une reine comme chef d’État symbolique. Après la période coloniale, elle a fait de son empire sa chasse gardée. L’impérialisme britannique a construit avec l’appui de dirigeants locaux à sa solde, le Commonwealth, afin de poursuivre sa politique d’oppression des peuples, de crimes et de pillages.

Le Commonwealth ou Communauté des Nations regroupe 56 pays, 2,5 milliards d’habitants. La quasi-totalité sont d’anciennes colonies britanniques.

Il représente un cinquième de la population mondiale et un quart de la superficie de la planète. On disait que c’est un empire où « le soleil ne se couche jamais ».

Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, apparaissent des luttes de libération nationale qui ont amené de nombreux pays colonisés à prendre leur indépendance. Face aux révoltes des masses, après s’être souvent opposée par la force brutale, la bourgeoisie anglaise a décidé de créer une prétendue union fraternelle, le Commonwealth, pour faire perdurer son oppression sous d’autres formes. Sa politique a consisté à opprimer des peuples et à favoriser les intérêts des grandes entreprises impérialistes britanniques.

Parmi ces États du Commonwealth, on retrouve les petits États de la Caraïbe anglophone. Ils ont été peuplés en grande majorité durant deux siècles par l’importation, sous le fouet et la violence, des esclaves d’Afrique noire. La majorité des membres de la famille royale anglaise de l’époque ont soutenu l’esclavage en Amérique.

C’est sous le règne (1558-1603) de l’ancienne reine d’Angleterre, Elizabeth 1ère, qu’ont été peaufinés la traite négrière et le système esclavagiste. Elizabeth 1ère  avait autorisé le navigateur John Hawkins à pratiquer le commerce des esclaves. Elle lui fournit un vaisseau pour ce commerce. En 1660, le duc d’York, futur roi Jacques II, a créé une société qui devint le plus grand marchand d’esclaves, la « Royal African Company ». Avant 1713, cette société a acheminé 100 000 Africains aux Amériques.

La famille royale, aux ordres de la bourgeoisie régnante, n’est ni plus ni moins que la descendante directe de la barbarie esclavagiste, suivie de la barbarie coloniale et impérialiste. Les membres de la Couronne ont bénéficié des retombées des richesses de la bourgeoisie anglaise issues de l’exploitation des peuples aux quatre coins du monde.

Dans la Caraïbe, plusieurs États indépendants sont restés fidèles à la monarchie comme Bahamas, Barbade, Antigua-et-Barbuda, Belize, Dominique, Grenade, Jamaïque, Sainte-Lucie, Saint-Kitts-et-Nevis, Saint-Vincent et les Grenadines, Trinité-et-Tobago. La reine a été leur chef d’État mais la monarchie est de plus en plus contestée. Depuis quelques années certains pays veulent sortir de la monarchie pour devenir une république. La Barbade a franchi le pas en novembre 2021, la reine a cessé d’être leur chef. Lors de la tournée des membres de la famille royale dans la région pour les 70 ans de règne d’Elizabeth II, d’autres protestations se sont élevées. À Sainte-Lucie, en Jamaïque, à Saint-Vincent, des manifestants ont réclamé des excuses de la reine et des réparations pour les atrocités de l’esclavage.

Les dirigeants locaux font mine d’affirmer leur indépendance face à l’impérialisme britannique. Dans les faits, il n’en est rien. Ce sont des auxiliaires du pouvoir capitaliste britannique. Ces pays servent souvent de paradis fiscaux pour les grandes banques internationales. Gangrenées par la pauvreté et la corruption, ce sont les populations pauvres qui subissent les conséquences de ce passé colonial.

Elizabeth II : un symbole du colonialisme

Au 19ème et 20ème siècle, l’Empire britannique s’étendait aux quatre coins du monde. Cette conquête coloniale s’est faite à coups de meurtres, de tortures, de viols. C’est sous le règne d’Élizabeth II que des révoltes anticolonialistes comme celles des Mau Mau au Kenya ont été durement réprimées (100 000 morts et 300 000 prisonniers) dans les années 1950. Avec la création du Commonwealth, le Royaume-Uni a accordé l’indépendance à ces pays mais les compagnies multinationales anglaises comme Lipton, Unilever et Finlay’s continuent d’y exploiter à tout va.