Le 29 septembre, des centaines de travailleurs ont fait grève et manifesté en Martinique, à Fort-de-France, pour exiger des hausses de salaire. En Guadeloupe, les enseignants ont fait grève. En France, des dizaines de milliers de personnes ont défilé à Paris ce même jour et les grèves se multiplient dans plusieurs secteurs.
Il y a des grèves dans plusieurs grandes entreprises françaises : les raffineries de TotalEnergies et d’ExxonMobil, les usines automobiles du groupe Stellantis, les supermarchés Carrefour, pour des augmentations de salaire. Face à la hausse incessante des prix c’est une nécessité vitale. Ce besoin d’augmentation concerne aussi les pensions de retraite et les diverses allocations dont dépendent de nombreux foyers.
Car l’inflation frappe l’ensemble des couches populaires. Et les hausses de prix devraient se poursuivre, notamment pour l’électricité qui doit bientôt augmenter de 15 %. Les patrons de la grande distribution ont déjà annoncé que les jouets des enfants coûteront plus cher à Noël.
Dans cette situation déjà difficile, le gouvernement a prévu d’intensifier la guerre sociale avec de nouvelles attaques. Il souhaite diminuer encore les allocations chômage. Elles pourraient même varier d’une région à l’autre, selon la situation du marché du travail !
L’autre attaque concerne les retraites. Macron avait dû renoncer à sa « réforme » à cause des grandes grèves de l’hiver 2019-2020. Il revient maintenant à la charge et annonce que les travailleurs partiraient à la retraite à 65 ans, et non plus à 62 ans comme actuellement. C’est une mesure particulièrement scélérate, lorsqu’on sait que l’espérance de vie en bonne santé n’est que de 63 ans chez les hommes, et 64 ans chez les femmes. Arrivés à la retraite, bien des travailleurs ne pourraient en profiter pleinement.
Pendant que le gouvernement prêche la sobriété et s’en prend aux couches populaires, à l’autre bout de l’échelle sociale les riches se goinfrent toujours plus. Les grosses sociétés du Cac 40 font tellement de bénéfices que même leur propre personnel politique parle désormais de superprofits. En 2021, ces profits atteignent le chiffre record de 160 milliards. Le groupe Carrefour à lui seul a fait 1,07 milliard.
Et l’année 2022 s’annonce encore plus profitable. En six mois, de janvier à juin 2022, TotalEnergies a encaissé 18,8 milliards de bénéfices, et vient déjà de verser 2,6 milliards de dividendes à ses actionnaires. Sur la même période, la société de transport maritime CMA CGM a dégagé 15 milliards de profits.
L’écart est de plus en plus scandaleux entre les salaires de misère versés aux travailleurs et les dividendes mirobolants empochés par les actionnaires grâce aux efforts de ces travailleurs. Les salariés de Carrefour qui sont entrés en grève, comme ceux des raffineries et des autres entreprises, ont mille fois raison de dénoncer ce scandale !
Les grèves en cours pourraient faire tache d’huile, et inspirer les travailleurs d’autres secteurs, voire prendre la tendance d’un mouvement d’ensemble comme en Grande-Bretagne. Le gouvernement craint que les mobilisations des travailleurs s’amplifient, c’est la raison pour laquelle Macron souffle le chaud et le froid sur les retraites, promet de faire des concertations tout en continuant de sortir la menace du 49-3 pour faire passer sa réforme.
Mais pour qu’il renonce à cette attaque, comme à celle contre les chômeurs, c’est bien un mouvement d’ensemble qu’il faudra construire. Dès à présent, c’est cette perspective que les travailleurs peuvent se donner et commencer à discuter dans leur entreprise. Seule une lutte collective massive et déterminée mettra un frein à la dégradation des conditions de vie des classes populaires.