CO N°1294 (22 octobre 2022) – Éditorial – La lutte pour de fortes augmentations de salaire est vitale

En France, le 18 octobre, près de 200 000 travailleurs de nombreux secteurs (énergies, transports, fonction publique, commerce…) ont fait grève et ont manifesté.

Nous publions ci-dessous un extrait de l’éditorial de Nathalie Arthaud, porte-parole de Lutte ouvrière, publié à  la veille de ces manifestations.

….. « Le mécontentement sur les salaires s’exprime dans nombre d’entreprises depuis des semaines. C’est vrai dans les centrales nucléaires et dans des entreprises comme Dassault, Stellantis, Renault Trucks, Monoprix, Carrefour… Mais la grève des raffineries a fait des salaires une question nationale. 

Comme les cheminots, les éboueurs ou les enseignants, les grévistes ont été accusés de prendre la population en otage. Mais le blocage incombe à la direction de TotalEnergies, sourde à une revendication élémentaire : celle d’augmenter les salaires au même rythme que les prix. Et vu les profits du groupe – 18,8 milliards au premier semestre 2022, trois fois plus que l’an dernier –, refuser ce rattrapage salarial est un scandale. 

Autre invention anti-grève : il a été reproché aux travailleurs des raffineries de mener une « grève préventive ». Les actionnaires de TotalEnergies ont eu droit à un acompte « préventif » sur dividendes exceptionnels de 2,62 milliards. Mais cela n’a pas choqué les perroquets de la propagande patronale ! 

Alors, s’il y a des extrémistes, ils sont du côté de ce grand patronat qui arrose les actionnaires comme jamais. Ils sont du côté de ces PDG qui s’octroient des millions de salaire annuel, 6 millions pour celui de TotalEnergies, soit une augmentation de 52 %. Ce sont les extrémistes du profit, et ils n’en ont jamais assez !

Cette propagande ne peut que révolter, d’autant plus que ce qui se passe à Total-Energies se produit dans toutes les entreprises. Partout, les profits et les dividendes passent avant les salaires et les conditions de travail.

Le grand patronat a toujours le mot « négociation » sur les lèvres (…) Il y discute miettes et queues de cerise, et cela suffit à certains chefs syndicaux pour se sentir importants… Mais c’est par la lutte et non par cette caricature de négociation que les travailleurs peuvent gagner. Car c’est devenu une question de principe pour certains patrons : il ne faut pas augmenter les salaires de base. Pour faire passer la pilule, une petite prime suffira !

La lutte des travailleurs des raffineries le montre : l’action collective et la grève sont les seuls moyens de se faire entendre (…). Par ces temps de flambée des prix, le fossé entre les prix et les salaires ne cesse de se creuser. Et les travailleurs n’ont pas à accepter de s’appauvrir ! Il faut augmenter les salaires de 300, 400 € par mois et les indexer sur l’évolution réelle des prix. » Fin de citation.

En Martinique  le 18 octobre, il y a eu un rassemblement contre la réforme des lycées professionnels et contre la vie chère.

En Guadeloupe, les salariés de Datex poursuivaient leur grève  pour dénoncer les mauvaises conditions de travail et réclamer des augmentations de salaire. Le collectif des organisations appelle à une grande manifestation samedi 22 octobre. En plus des problèmes de l’eau et des travailleurs suspendus, les travailleurs devront aussi poser le problème des salaires.

Pour avoir de meilleures chances d’obtenir de réelles augmentations de salaire dans les entreprises, les luttes collectives devront  se renforcer, s’élargir en France et aux Antilles. Le mécontentement face aux bas salaires est déjà là. Il faut l’exprimer.