CO N°1297 (17 décembre 2022) – Éditorial – L’État roule pour les riches, travailleurs défendons-nous nous-mêmes

Le 10 décembre, plus d’un millier de personnes manifestaient en Martinique et en Guadeloupe pour contester la requête d’un non-lieu dans l’enquête sur le scandale de l’empoisonnement au chlordécone. La responsabilité des grands planteurs békés et de l’État n’est plus à démontrer, et la population en subit encore les conséquences avec un taux de cancers très élevé. L’État est coupable d’avoir accordé la dérogation aux Antilles de 1990 à 1993 alors que le chlordécone était interdit en France. Il prend parti pour les capitalistes et protège ceux qui se sont enrichis en empoisonnant les terres, les riches békés. C’est un exemple parmi d’autres qui montre la nature de l’État bourgeois et la façon dont il traite les travailleurs et la population.

Depuis des mois, la population paye de plus en plus cher l’essence, l’électricité, le gaz, les produits alimentaires, etc. Cela signifie des privations supplémentaires pour les plus pauvres, parce que les revenus n’augmentent pas. Cette inflation galopante n’a pas freiné le gouvernement dans ses mesures contre les pauvres.

Le projet de réforme des retraites devrait être présenté le 10 janvier 2023. Il prévoit de repousser l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, voire 65 ans. En Guadeloupe et en Martinique les plus de 50 ans représentent un tiers des demandeurs d’emploi. C’est dans cette catégorie que l’on retrouve le plus de chômeurs de longue durée. Cette réforme condamne en fait des milliers de travailleurs à attendre la retraite trois ans de plus en vivant d’allocations ou de minimas sociaux. En 2019, la tentative du gouvernement de nous faire travailler plus longtemps avait été repoussée sous la pression des mobilisations et des grèves, notamment celles des cheminots.

La réforme de l’assurance-chômage qui entre en vigueur le premier février 2023 est aussi une attaque contre les travailleurs et les demandeurs d’emploi. Cette réforme ne devrait pas concerner directement les Outre-mers. Mais elle aura des répercussions indirectes sur les familles car les travailleurs d’Outre-mer émigrés en France seront assujettis à la nouvelle réforme. Cette dernière diminuera encore la durée d’indemnisation de 25 %. Soi-disant cela favoriserait le retour à l’emploi. Tout ce que cela favorisera, c’est l’appauvrissement des chômeurs et la baisse des salaires. En Martinique, ce sont au moins 45 000 personnes qui cherchent un emploi. En Guadeloupe, ils sont au moins 57 000.

Le gouvernement multiplie les attaques contre la classe ouvrière. De la crise sanitaire à la guerre en Ukraine, en passant par la crise économique et énergétique, toutes les situations sont bonnes pour prendre aux pauvres et servir les plus riches. « L’État est une machine destinée à maintenir la domination d’une classe sur une autre » disait Lénine. Oui, il est l’instrument politique de domination des capitalistes sur la classe ouvrière.

Alors que les profits se portent très bien pour les capitalistes, tels que Bernard Arnault et son groupe LVMH, qui devient ces jours-ci l’homme le plus riche du monde. Ceux de TotalEnergies avec 5,6 milliards d’euros au deuxième trimestre 2022, ceux de CMA-CGM avec 7 milliards au troisième trimestre 2022, de Carrefour.

L’État et le grand patronat continuent d’appauvrir les travailleurs en leur demandant des sacrifices sur leurs salaires sur les retraites, sur leurs allocations. Aux travailleurs de s’organiser pour agir collectivement dans l’intérêt de leur propre classe sociale.