Le 7 février, une troisième journée de mobilisation contre la réforme des retraites a eu lieu partout en France, ainsi qu’en Martinique et en Guadeloupe. Même si en France le nombre de manifestants était légèrement moindre le 7 février que les 19 et 31 janvier, les millions de salariés du secteur public comme du secteur privé ne lâchent pas. Des grèves continuent.
Aux Antilles, ce sont des milliers de manifestants qui étaient dans les rues : près de 4 000 en Martinique le 31 janvier. En Guadeloupe, le même jour, des établissements scolaires ont été bloqués. De nombreux lycéens ont manifesté. Le 7 février, la mobilisation a rassemblé 3 000 personnes en Guadeloupe et un millier en Martinique.
Le succès de ces mobilisations n’a pas encore réussi à faire reculer le gouvernement. La ministre Élisabeth Borne maintient le départ à la retraite à 64 ans. Face à l’ampleur du mécontentement, elle a décidé de retoucher le texte en permettant à ceux ayant commencé à travailler entre 20 et 21 ans de prendre leur retraite à 63 ans ! Le gouvernement prévoit même de sanctionner financièrement les patrons qui ne feraient pas d’efforts pour garder les séniors dans leurs entreprises ! Quelle supercherie ! Ce n’est pas l’index sénior qui empêchera les capitalistes de licencier.
La situation des retraités aux Antilles est bien plus grave qu’en France. Nos aînés sont dans une situation de grande pauvreté, le niveau de vie est inférieur à 50% du niveau français. Les salaires sont plus faibles chez les ouvriers et les employés, le chômage est trois fois plus élevé. Aux Antilles, la colère peut exploser à tout moment. L’affaire du chlordécone avec le non lieu rendu par la justice des gros békés pollueurs et de leurs complices (élus, ministres) en révolte plus d’un. Il y aussi le problème de l’eau qui manque, le mépris et l’arrogance des patrons, les bas salaires, la hausse des prix, la non réintégration des personnels soignants. Oui, un mélange détonant qui pourrait déclencher une nouvelle explosion sociale.
De l’argent il y en a dans les caisses du grand patronat. Les gros capitalistes s’enrichissent sur le dos des salariés. Bernard Hayot, gros capitaliste béké, fait partie des 500 plus grandes fortunes de France avec un patrimoine de 250 millions d’euros. Les plus grandes entreprises françaises du CAC 40 ont réalisé des dizaines de milliards de bénéfices. TotalEnergies a annoncé un profit de 19,5 milliards d’euros en 2022. La fortune de Bernard Arnault, leader mondial des produits de luxe (LVMH), est estimée à 184 milliards de dollars.
Les directions syndicales françaises font le service minimum pour ne pas mécontenter leur base. Certes, le dirigeant de la CGT a bien parlé de grèves reconductibles. Mais de là à les organiser réellement il y a un monde. Ce ne sont pas des murmures qu’il faut, mais un cri retentissant d’appel à la lutte collective.
Une minorité de travailleurs parle aussi de grève reconductible, de bloquer la France pour faire céder le gouvernement. C’est cette voie-là la bonne. La classe ouvrière en est capable si elle parvient à montrer sa détermination et mettre en place un plan de combat en ne s’en remettant pas entièrement aux directions syndicales pour diriger son offensive. Pour l’emporter, il faut amplifier les manifestations mais surtout toucher les capitalistes aux coffres-forts. Les travailleurs, en se donnant les moyens de diriger eux-mêmes leur mouvement vers la grève générale sont les seuls à pouvoir faire échec à Macron et au grand patronat.