De 1940 à 1943, des Antillais se sont engagés dans la dissidence pour rejoindre la France libre et combattre le régime de Vichy soumis aux Nazis allemands.
En juin 1940, après une défaite militaire face aux armées nazies venues d’Allemagne, le gouvernement français mené par le maréchal Philippe Pétain signe l’armistice avec l’Allemagne. Commence alors une période d’occupation d’une partie du territoire français par les troupes nazies. Pétain collabore avec elles. C’est le « régime de Vichy ».
L’amiral Robert, haut commandant de l’État français en Martinique, se plie au Régime de Vichy, tout comme le gouverneur de la Guadeloupe, Constant Sorin. Aujourd’hui encore, cette période de guerre et de privation est restée dans les mémoires comme « an tan Sorin » (aux temps de Sorin) en Guadeloupe.
Dans l’Hexagone, la résistance aux Nazis s’organise clandestinement par des groupes et réseaux d’hommes et de femmes d’origines diverses : militaires, militants et sympathisants du mouvement communiste (Parti communiste français) ou socialiste, syndicalistes, nationalistes français, rédacteurs de journaux clandestins, citoyens antinazis… Le Général Charles de Gaulle, réfugié à Londres, deviendra la figure de ralliement de la Résistance avec son « appel du 18 juin » 1940. Il représente la France libre. Les résistants étaient traqués et impitoyablement neutralisés par les Nazis et la police de Vichy. Toute personne tenant un discours antinazi pouvait se faire exécuter.
Pour rejoindre la Résistance, des Antillais n’ont pas hésité à partir en dissidence. On estime que de 1940 à 1943, entre 4 000 et 5 000 personnes quittent clandestinement la Guadeloupe et la Martinique au péril de leur vie pour rallier les Forces françaises libres installées dans les colonies britanniques de la Dominique et de Sainte-Lucie.
Le gouvernement américain, en rivalité avec les Nazis, accepte de prendre en charge l’instruction militaire des dissidents antillais. Il envoie un bateau à la Dominique au début de l’automne 1942, ce qui permet à un contingent de 325 dissidents de quitter l’île le 10 octobre à destination des États-Unis. Ce premier convoi fut suivi de cinq autres voyages entre janvier et juin 1943. Les dissidents sont ensuite incorporés dans les bataillons antillais pour participer à des batailles décisives (Monte Cassino, Alsace, Royan…).
Si des hommes issus de colonies françaises se sont engagés volontairement dans la Résistance, c’était par conviction politique. Ils pensaient défendre la démocratie contre le fascisme. Ce faisant ils ont fait preuve d’héroïsme et de grand courage.
Cependant, la France de de Gaulle que ces hommes ont défendue n’était pas la France des travailleurs et des masses pauvres opprimées. C’était la France de la bourgeoisie française. C’est la même bourgeoisie qui est issue en partie de la mise en esclavage de millions d’Africains pendant plus de deux siècles jusqu’en 1848. C’est la bourgeoisie française colonialiste dont les gouvernements et l’armée brutalisaient les peuples des Antilles, d’Afrique, d’Asie. C’était la même bourgeoisie française qui faisait tirer sur des grévistes et des manifestants aux Antilles encore, tout au long du 20ème siècle.
C’était la même bourgeoisie colonialiste qui n’a pas hésité à faire massacrer des milliers d’Algériens à Sétif en 1945, des Malgaches en 1947 et des Algériens encore de 1954 à 1962 parce que ces derniers réclamaient leur indépendance.