Lors de la séance plénière du 27 avril dernier, les élus de la CTM (collectivité territoriale de la Martinique) ont voté à l’unanimité un projet de réforme de la gestion des aides européennes à la production, le POSEI (programme d’options spécifiques à l’éloignement et l’insularité).
Ce projet situé dans le cadre du plan de la CTM d’autonomie alimentaire pour la Martinique à l’horizon 2030 était présenté par le conseiller exécutif PPM, Nicaise Monrose.
Depuis plus de 14 ans, par un savant mécanisme lié au tonnage produit, les gros planteurs de banane de Martinique et Guadeloupe raflent 80% des fonds européens pour ces deux iles, soit 129 millions d’euros par an. Le reste est réparti entre les filières canne-sucre-rhum, élevage et maraîchage. Les petits agriculteurs de la banane ou de cultures maraichères ne voient pas la couleur de ces aides européennes.
Alors aujourd’hui, en votant une résolution pour la réorganisation du POSEI, les élus de la CTM affichent pour objectif de convaincre les députés européens de réorienter l’utilisation de ces fonds. Ils disent souhaiter que ces aides aillent aux petits producteurs pour leur permettre de vivre correctement tout en produisant à des prix modérés et pouvoir nourrir la population. Transformation ambitieuse quand on sait que l’organisation actuelle de la production agricole en Martinique est sous tendue par les intérêts des gros possédants békés des terres agricoles ou en jachère. Ces derniers sont très présents dans les couloirs du parlement européen !
Nicaise Monrose, porteur du projet de réforme du POSEI ne l’ignore pas. Lors des interviews données, pour expliquer son projet, notamment en télévision, il a choisi de se montrer conciliant et de dire qu’il ne serait « pas question d’opposer gros et petits planteurs ». Mais plutôt de permettre aux petits planteurs de profiter un peu de ce fonds ! Quand on connait l’appétit sans fin, le pouvoir, les réseaux puissants des gros possédants, békés ou autres, un tel raisonnement semble plutôt de nature à semer des illusions pour ne pas dire carrément hypocrite !
Ce n’est que par une lutte farouche des petits paysans alliés aux ouvriers agricoles qui font fructifier ces terres, qu’il leur serait possible de récupérer des terres et des subventions et de pouvoir en vivre dignement.