Les travailleurs de la zone industrielle de Port-au-Prince ont manifesté leur colère pendant trois jours lors de la semaine du 8 mai.
Ces manifestations surviennent après plusieurs arrêts de travail sur la zone industrielle, au cours desquels les ouvriers avaient obtenu quelques succès en avril. C’est dans ce contexte que les syndicats ont annoncé trois journées de mobilisation début mai. Les ouvriers ont répondu présents et ont pris la rue pour faire entendre leurs revendications.
Lundi 8 mai le mouvement a débuté à l’intérieur du parc industriel Sonapi. Les ouvriers ont débrayé dans une première entreprise et ont appelé les autres ouvriers à les rejoindre en passant d’une entreprise à l’autre. La police est intervenue dans l’enceinte du parc pour bloquer le mouvement, les ouvriers ont résisté et dans la majorité des usines ils ont débrayé.
Après avoir manifesté dans l’enceinte du parc Sonapi ils sont sortis sur la route. Les syndicats ont pris la tête de la manifestation avec des slogans contre la vie chère, contre la détérioration des conditions de travail. Un autre slogan était l’ajustement du salaire suivant la dévaluation de la gourde et une exigence d’un salaire minimum à 2 500 gourdes au lieu des 685 gourdes actuelles.
Le cortège de plus de 3 000 manifestants a pris l’avenue de l’aéroport et s’est dirigé vers le siège de l’assurance vieillesse où les ouvriers ont demandé que les prélèvements pour cette assurance soient régularisés. Les syndicats ont ensuite orienté la manifestation vers le bureau du premier ministre. Ils ont alors été dispersés par des charges de la police à coups de grenades lacrymogènes.
Le mardi 9 la colère des ouvriers n’était pas retombée, ils se sont regroupés devant le Parc Sonapi. À plus de 5 000 cette fois, ils n’ont pas rejoint les entreprises mais ont relancé la manifestation. Les camarades de l’OTR (organisation des travailleurs révolutionnaires) ont participé activement et les drapeaux rouges ont été brandis par de nombreux ouvriers. Les slogans demandant une augmentation du salaire minimum étaient les plus fréquents. La manifestation a pris la direction du bureau du premier ministre et a été dispersée par la police comme la veille.
Le mercredi 10 les ouvriers ont de nouveau bloqué l’entrée du parc Sonapi et sont repartis pour une troisième journée de mobilisation. Cette fois ils ne sont pas allés vers la « Primatu-re » (premier ministre), mais ils ont fait le tour de la zone industrielle en interpellant les travailleurs des usines de la zone. Les médias se sont intéressés à la manifestation et les travailleurs ont pris la parole sur les ondes pour dénoncer l’exploitation dans les usines et expliquer leurs revendications : salaire minimum à 2500 gourdes, accompagnement social, paiement de toutes les indemnités lors d’un départ volontaire. Les policiers ne sont pas intervenus cette fois-ci, se contentant de canaliser les manifestants.
Subissant la pression des gangs dans les quartiers, les ouvriers des factories (usines) affrontent chaque jour la pression des patrons de la zone industrielle. Pendant trois jours de manifestations, ils ont montré qu’ils ne baissent pas les bras, que leur colère peut exploser à tout instant pour faire aboutir leurs revendications.