Les forces de répression ont déjà tué une vingtaine de personnes, et 500 ont été arrêtées lors de manifestations qui ont suivi la condamnation à deux ans de prison d’Ousmane Sonko, le principal rival de l’actuel président, Macky Sall.
Macky Sall qui brigue un troisième mandat, se sent menacé par Ousmane Sonko dans la course à l’élection présentielle programmée dans 10 mois sur un terrain miné par la corruption, la flambée des prix des denrées alimentaires, des loyers, du carburant et des prix du transport. Tandis que les salaires sont bloqués, que dans les campagnes les paysans s’enfoncent dans la misère, que les petits pêcheurs ne trouvent plus suffisamment de poissons pour faire vivre leurs familles à cause de gros bateaux industriels qui raflent tout sur leur passage.
Pour lutter contre la vie chère, le Président Macky Sall avait promis de prendre 55 « mesures » ; plusieurs mois après, pas l’ombre d’une, et les prix continuent de grimper.
La population, voit donc en Ousmane Sonko un espoir de sortie. Ce dernier jouit d’une grande popularité, particulièrement dans la jeunesse. Alors qu’il était un haut fonctionnaire de l’inspection générale des impôts, il avait en 2016 dénoncé les malversations financières du président et de son frère, il fut radié. Il entama alors une carrière politique, fut élu député en 2017 et arriva 3e aux présidentielle de 2019. Son parti, le PASTEF (Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité) dénonce le règne de la corruption, le pillage de l’économie sénégalaise par l’impérialisme français. Sa condamnation à deux ans de prison, a mis le feu aux poudres, la population s’est soulevée principalement à Dakar, la capitale, et en Casamance dans la ville de Ziguinchor (dont Sonko est le maire).
La crainte du pouvoir face à cette révolte, parti des partisans de Sonko et qui s’étend, s’illustre par la férocité de la répression policière : tirs à balles réelles, qui déjà ont fait 23 morts selon Amnesty international. 500 personnes arrêtés dont des jeunes de 15 à 17 ans. Mais la révolte ne faiblit pas, la jeunesse dit être « prête à mourir pour se libérer » !
La réaction des travailleurs du Sénégal contre les manœuvres du pouvoir est à saluer, mais mourir pour la cause ne suffit pas et le salut ne viendra pas d’un sauveur suprême. Déjà les vautours se mobilisent : une coalition, le F24, a vu le jour, formé de « mouvements de la société civile » et de partis politiques. Elle surfe sur la vague de la révolte pour demander au président de renoncer à un troisième mandat. En vertu de la politique du « pousse toi de là que je m’y mette » !
Il ne faudrait pas que cette énergie populaire se livre, sans se donner ses propres buts, sa propre organisation, à des politiciens bourgeois qui vont demain étrangler les pauvres.