CO N°1308 (17 juin 2023) – Haïti – Les travailleurs, les pauvres s’organisent face aux catastrophes naturelles

Inondations, séisme récents

Après les inondations dues aux pluies torrentielles du week-end du 3 juin c’est un tremblement de terre qui a dévasté le sud du pays le 6 juin attirant l’attention des médias.

Les inondations et les glissements de terrain ont touché sept des dix départements d’Haïti. Dans l’Artibonite, le département du Centre, ou dans la ville de Léogane les rivières ont débordé en emportant les véhicules aussi bien que le bétail et les récoltes. Des glissements de terrain ont emporté des maisons occasionnant des décès. Dans les quartiers populaires de Port-au-Prince, les rues transformées en rivières de boues charriaient tout sur leur passage.

Le mardi 6 juin un séisme de magnitude 5.5 frappait le Sud et était particulièrement ressenti dans la Grande Anse, à Jérémie. Des habitations se sont écroulées sur des personnes prises au piège. Selon le bilan de ces catastrophes 51 personnes ont été tuées, 140 autres blessées et le nombre de disparus n’est pas définitivement connu. Dans les zones touchées, près de 32 000 maisons ont été inondées et 2445 détruites ou endommagées.

Des ondes tropicales atteignent aussi la Guadeloupe, la Martinique ou la Floride, sans faire autant de victimes. Les effets catastrophiques de ces évènements naturels sont démultipliés par l’absence des services publics, d’infrastructures, disloqués par les politiciens au pouvoir au service de la bourgeoisie haïtienne. Plus que les pluies, c’est cette bourgeoisie haïtienne, vivant à l’aise sur un océan de misère, qui a dévasté le pays. La population des quartiers pauvres étant seule face aux intempéries s’est retrouvée sur tous les fronts pour évacuer les tonnes de boue, nettoyer les maisons et les quartiers ; pour déblayer les gravats après le séisme et secourir les victimes.

Les gouvernements successifs ont dilapidé l’argent prévu pour la réalisation des travaux d’intérêt public. Les routes, les canaux et rivières n’ont pas été réhabilités. Les maisons fragilisées par le séisme de 2021 sont restées telles quelles.

La lutte contre les gangs

L’argent a servi à alimenter des gangs armés pour maintenir la population des quartiers sous leur coupe. À la mi-mai, la réaction défensive armée de certains habitants, connue comme « bwa kalé », a surpris des bandits qui y ont laissé la vie subissant à leur tour la violence qu’ils avaient semée.

Un mois après le début de ce qu’on peut appeler la « révolte des masses populaires contre la terreur des gangs armés », la population respire mieux. Le taux d’homicides, de braquages, de viols a diminué dans la capitale et dans beaucoup de villes de province. La peur a changé de camp dans plusieurs quartiers. Cette réplique de certains s’est répandue et multipliée sous le contrôle des habitants du quartier. Elle est vitale pour faire face à des réactions de bandits comme le kidnapping survenu le 3 juin 2023, dans la Plaine du Cul-de-Sac.

Ainsi, face aux intempéries, comme pour se protéger, la population des quartiers pauvres, les travailleurs ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Compter sur leur capacité à s’organiser entre voisins, dans le quartier, dans les usines, ensemble avec ceux qui défendent les mêmes intérêts qu’eux.