CO N°1309 (1er juillet 2023) – Martinique – Une société malade

Face à l’augmentation du nombre de tués par armes à feu et plus généralement des faits de violence sur l’île, la préfecture de Martinique a annoncé un renforcement des moyens de répression et de prévention.

Une trentaine de gendarmes supplémentaires devraient arriver d’ici septembre et une nouvelle compagnie d’intervention de la police nationale sera créée. Il est prévu également l’installation de caméras de surveillance supplémentaires dans cinq communes. Un scanner mobile devrait également être installé en 2024 au port de Fort-de-France pour la lutte contre le trafic de stupéfiants.

Ces mesures vont dans le sens des demandes du président de la CTM, Letchimy, à l’État. Elles ont été renouvelées, après les fusillades du Pont de Chaines ou de Dillon.

Ces forces de répression supplémentaires ne règleront surement pas l’augmentation de la criminalité dans l’île. Et cette dernière va jusqu’aux fusillades à l’arme lourde causant des morts.

Elle se retrouve aussi dans les foyers familiaux. Elle aurait augmenté de 15,9 % sur un an. Règlements de compte, circulation de drogues et d’armes, balles perdues sont légion.

Les causes de cette criminalité en hausse importante sont pour une très grande part le chômage, la misère matérielle et morale. La société capitaliste basée sur l’exploitation, les injustices et le profit d’une poignée de gros possédants laisse une population et particulièrement la jeunesse sans perspective, et favorise une maffia et une pègre qui s’étendent.

Toute cette violence est le produit d’un phénomène social. Elle est le produit d’une société injuste. D’un côté, une minorité de riches vit paisiblement dans ses quartiers résidentiels et bien protégés. Et de l’autre, une majorité dont beaucoup de jeunes vivent dans des quartiers pauvres. De plus en plus de travailleurs vivent dans la précarité, dans les cités, livrés au chômage, sans argent, sans aucune perspective d’avenir.

Dans les entreprises, les patrons imposent leur loi à leurs salariés, sous menace de licenciement, et avec un salaire de misère. La violence armée et délinquante n’a donc d’égal que la violence sociale imposée quotidiennement par le système profondément inégalitaire dans lequel nous vivons.

Alors quand la presse écrit que : « Personne n’attend plus rien des autorités qui semblent dépassées par l’ampleur du phénomène ». Cela traduit une réalité mais aussi fatalisme et désespoir.

Une autre voie existe : celle de la lutte unitaire des pauvres contre le système qui les opprime. S’organiser ensemble pour lutter contre la misère, pour du travail, pour des salaires et un logement qui permettent de vivre décemment, pour faire baisser les marges bénéficiaires des grosses sociétés de la grande distribution, c’est cette perspective que les travailleurs et les pauvres doivent se donner. Personne ne le fera à leur place. Les dizaines de milliers de pauvres peuvent représenter une force énorme et imposer leur volonté de changer leur vie par la lutte collective. S’ils le veulent vraiment ils trouveront en leur sein leurs propres dirigeants et leur propre organisation pour améliorer leur vie quotidienne. Alors la violence en leur sein, la drogue et autres causes de règlements de compte s’éteindront. À un plus haut niveau, la lutte pour le renversement de la société capitaliste devra bien être mise à l’ordre du jour par les travailleurs et les pauvres car elle est la seule solution à terme.