CO N°1310 (15 juillet 2023) – Éditorial – Il faut changer ce monde !

La mort de Nahel, 17 ans, tué à bout portant par un policier le 27 juin lors d’un contrôle routier à Nanterre, a entraîné en France, l’embrasement de la jeunesse des quartiers. Le coup de colère a débuté dans la nuit du 27 juin et a pris une ampleur inédite, se propageant dans la France entière. 269 commissariats ont été attaqués en l’espace d’une semaine.

Plus de 6 000 véhicules et un millier de bâtiments incendiés dont des écoles, mairies et centres sociaux. La dernière révolte des banlieues remonte à 2005 après la mort de Zyed et Bouna, coursés par la police et électrocutés en se réfugiant dans un transformateur électrique.

La réaction des jeunes en France rappelle à une autre échelle mais de même nature l’explosion sociale de novembre et décembre 2021 aux Antilles. Cette explosion de colère parmi la jeunesse de Pointe-à-Pitre et de Fort-de-France s’était traduite par des barrages routiers, des destructions, des pillages et des tirs à balles réelles sur la police. L’explosion sociale avait eu comme point de départ la mobilisation des soignants suspendus pour non vaccination anti covid.

La jeunesse des banlieues et des quartiers en France ou ailleurs s’est toujours révoltée. Il y a trois ans, après le meurtre raciste de Georges Floyd les manifestations et les émeutes aux États-Unis se sont poursuivies pendant trois mois. En août 2011 au Royaume-Uni, la jeunesse des quartiers populaires s’était aussi révoltée après la mort de Mark Duggan, un Antillais noir, abattu par un policier.

Ces évènements se répéteront car la cause profonde de la colère vient de la misère matérielle et morale vécue par cette jeunesse. Le chômage fait des ravages, les discriminations, le racisme les enfoncent en piétinant leur dignité. En France et aux Antilles, ces jeunes subissent le mal logement, le manque d’instruction, la malnutrition…

En même temps, la fortune accumulée dans les mains des milliardaires augmente. Un rapport de l’Oxfam, précise que depuis 2020, la fortune des dix milliardaires les plus riches a doublé. Comme celle du français Bernard Arnault qui atteignait 238 milliards de dollars en mai 2023, tandis que le revenu de 99 % de l’humanité a diminué. Les inégalités se creusent. Cela entraîne des frustrations chez les plus pauvres des pays riches qui peuvent parfois mener un jeune à désirer s’enrichir vite par le biais de la délinquance. Une frustration qui peut tout aussi bien faire grandir un profond sentiment de révolte, une haine de l’ordre établi.

La jeunesse sans perspective a ce réflexe destructeur mais elle ne pourra pas se contenter de cela éternellement car c’est une impasse. Un avenir, elle peut en avoir un, à condition de détruire, non pas des mairies ou des écoles, mais le système actuel ! Tandis que les représentants politiques de la bourgeoisie détournent l’origine de la violence en remettant la faute sur les migrants ou la responsabilité des parents, la jeunesse peut prendre conscience que c’est bien par le système capitaliste qu’elle se fait broyer ! Ce système qui se prépare aussi à précipiter les jeunes pauvres dans des guerres destructrices comme en Ukraine et peut-être dans une guerre mondiale.

Seule une révolution permettra de détruire le capitalisme pour instaurer un système qui ne sert plus exclusivement aux profits des riches mais qui cherche à satisfaire les besoins de tous. La jeunesse ouvrière, dont fait partie une grande partie des jeunes des quartiers populaires, et tous les travailleurs en seront capables à condition de s’armer d’une conscience de classe et d’un programme pour se donner comme tâche le renversement du système capitaliste.